Le soleil commence à peine à se coucher à Resolute Bay. Des chaloupes et une barge attendent sur la berge. Des trous dans le sol et des os de baleines marquent le passage du peuple Thule, qui a construit là des abris il y a plusieurs centaines d'années. Dans la baie mouille le navire qui ravitaille le hameau en denrées non périssables et autres stocks, une seule fois par année.

Quelques dizaines de bâtiments sur pieux composent le village de 230 habitants, entre la baie et une imposante crête. Des maisons abandonnées côtoient des maisons neuves en construction. Le village compte deux hôtels et un troisième sera bientôt achevé.

La communauté va bien, soutient Duncan Walker, directeur de l'administration. Pas de problème de logement, taux de chômage bas. Des conditions enviables par rapport à d'autres communautés du Grand Nord, note-t-il.

À quelques pas du village, près de l'aéroport et du centre de services pour les scientifiques, les forces armées ont basé leur quartier général avancé et leur campement de base pour l'opération Nanook. Quelques centaines de militaires y ont élu domicile pendant un mois pour cet exercice qui vise à les familiariser avec les conditions arctiques.

«Nanook est quelque chose de très bien pour la communauté», dit le maire de Resolute Bay, Ludy Pudluk. M. Pudluk est d'ailleurs un ancien membre des rangers, des unités de réservistes dédiées à la surveillance des territoires isolés.

«Les enfants sont très excités de voir de vrais soldats autour du village et des grands avions passer dans le ciel, ajoute le maire. Il y a des sourires partout.»

Cette semaine, dans le cadre du dernier élément de l'opération Nanook 2010, Resolute bénéficiera aussi d'un exercice visant à contenir une éventuelle fuite de carburant dans la baie. Le village conservera les équipements nécessaires pour réagir rapidement à un tel incident.

Nanook a des retombées bénéfiques pour le village, seule communauté de l'île de Cornwallis, au centre du passage du Nord-Ouest. Mais le maire aimerait que les avions Hercules et le gigantesque C-17 qui visitent la ville ces temps-ci profitent encore plus aux gens de la communauté. «Les avions repartent presque vides, tandis qu'ils pourraient permettre à des gens d'ici de partir visiter le sud à moindre coût, soutient le maire. Il en coûte entre 2000 et 3000$ habituellement.»

Des excuses attendues

Un autre événement a suscité l'émotion dans la communauté la semaine dernière. Le gouvernement fédéral a présenté des excuses officielles pour la relocalisation des familles qui a mené à la fondation de Resolute Bay, il y a près de 60 ans. En raison de conditions difficiles dans leur milieu de vie, le gouvernement avait envoyé des familles inuites d'Inukjuak, dans le nord du Québec, s'installer beaucoup plus au nord, à Resolute Bay et Grise Fiord. Mais le gouvernement ne leur a pas apporté le soutien nécessaire pour l'adaptation à ce milieu encore plus difficile que celui que ces familles quittaient.

Il ne reste plus qu'une poignée de personnes de Resolute Bay qui faisaient partie des relocalisés. «Ils attendaient ces excuses depuis fort longtemps, dit le maire. Certains se sont mis à pleurer en l'apprenant.»