Même s'ils considèrent le décès de Réjeanne Pelletier-Charette comme un cas isolé, sa mort a eu l'effet d'une douche froide au sein des groupes qui défendent les droits des personnes âgées.

Pour l'instant, les circonstances entourant le décès de l'octogénaire de Sherbrooke n'ont pas encore été précisées par la Sûreté du Québec (SQ). Mardi, un adolescent de 16 ans a toutefois été accusé de l'enlèvement et de la séquestration de la femme de 82 ans. Quelques heures plus tard, son cadavre était retrouvé dans une base de plein air.

En entrevue avec La Presse, hier, la ministre provinciale responsable des Aînés, Marguerite Blais, s'est dite profondément peinée par le sort de Mme Pelletier-Charette. «Je trouve déplorable que l'on ait pu s'en prendre à une femme de 82 ans, a-t-elle affirmé. Tout comme la violence faite aux femmes ou aux enfants, il faut que ce soit tolérance zéro pour celle envers les aînés.»

La ministre Blais considère qu'il faut s'attaquer à toutes les formes de maltraitance dont les aînés sont victimes, que ce soit la violence, les sévices physiques et psychologiques ou la fraude. «Collectivement, nous devons absolument protéger nos aînés et condamner les gestes brutaux commis envers eux», a-t-elle soutenu.

Tant du côté de la SQ que du ministère de la Famille et des Aînés, il n'existe pas de statistiques sur les crimes violents ou la maltraitance envers les personnes âgées. À la suite d'une consultation publique, le ministère de la Famille et des Aînés a toutefois annoncé, en juin, un investissement de 20 millions de dollars dans les cinq prochaines années pour contrer la maltraitance et les abus contre les aînés.

Le directeur général du Réseau de la Fédération de l'âge d'or du Québec (FADOC), Danis Prud'Homme, affirme qu'un tel plan était nécessaire. Le décès de Réjeanne Pelletier-Charette «est un événement malheureux et regrettable qui rappelle que souvent, les aînés sont à la fois des personnes qui sont vulnérables, mais toujours prêtes à prêter main-forte», a-t-il indiqué.

Selon ses dires, les sévices contre les personnes âgées sont souvent commis par des connaissances et des membres de la famille. D'après des données du ministère de la Sécurité publique, en 2007, seulement 25% des crimes contre des personnes de 65 ans ou plus avaient été commis par des étrangers. Selon le réseau FADOC, les aînés sont toutefois moins enclins à dénoncer la maltraitance dont ils sont victimes que les autres groupes d'âge.

Jean-Luc Racine, directeur général de la Fédération des aînés et des aînées francophones du Canada, abonde dans le même sens. «Nous voyons le décès (de Mme Pelletier-Charette) comme un accident. On ne pense pas qu'il y a une augmentation des crimes de cette nature, a-t-il expliqué. Par contre, ce que l'on sait, c'est que de plus en plus de personnes âgées sont victimes d'abus et qu'ils sont souvent commis par des proches. Ils sont plus subtils et les aînés hésitent souvent à les déclarer. C'est pour cette raison qu'il faut dénoncer et faire beaucoup de sensibilisation.»