L'organisme chargé de conseiller le directeur de Statistique Canada a présenté lundi des solutions pour tenter de résoudre le désaccord qui persiste dans le dossier du recensement.

Le Conseil national de la statistique, un groupe de 40 experts nommés par le gouvernement, propose de conserver le formulaire détaillé obligatoire l'an prochain, mais d'abolir la peine de prison à laquelle s'exposent ceux qui ne le rempliraient pas.

Le Conseil a diffusé son communiqué à la veille de la comparution du ministre de l'Industrie, Tony Clement, devant le comité permanent de l'Industrie de la Chambre des communes. Ce comité se réunit exceptionnellement, au beau milieu de l'été, à la demande de tous les partis, y compris le gouvernement, qui souhaite faire valoir son point de vue. Une vingtaine de témoins sont attendus.

Outre le ministre Clement, l'ex-statisticien en chef de Statistique Canada, Munir Sheikh, doit aussi répondre aux questions des députés. M. Sheikh a démissionné au motif que les changements proposés par le gouvernement Harper mettent en péril la fiabilité des données recueillies par Statistique Canada.

Il y a quelques semaines, Ottawa a rendu publique sa décision de mettre fin à l'obligation de remplir le formulaire long du recensement. L'annonce, faite discrètement dans la Gazette du Canada, a depuis été largement dénoncée de toutes parts: groupes divers, municipalités, provinces, chercheurs, etc. Selon un récent sondage Ipsos Reid, seulement 38% des Canadiens approuvent la décision.

Pour expliquer son geste, le gouvernement fédéral cite sa volonté de respecter le droit à la vie privée des Canadiens.

Hier, le Conseil national de la statistique a joint sa voix au concert de protestations et s'est dit profondément inquiet. «Nous croyons que les changements vont nuire à l'intégrité et à la qualité du système statistique», a déclaré son président, Ian McKinnon.

Le Conseil propose donc de maintenir le formulaire habituel pour le recensement de 2011 et de réviser celui de 2016 pour déterminer si toutes les questions sont nécessaires et respectent le droit à la vie privée.

«Il est très clair que le ministre Clement a induit les Canadiens en erreur lorsqu'il a dit que Statistique Canada appuyait la décision, a quant à lui noté le député libéral Scott Brison. Il est sur un terrain très glissant et les membres du comité tenteront d'obtenir la vérité à laquelle les Canadiens ont droit.»

Le comité doit siéger aujourd'hui toute la journée, à compter de 9h. Il entendra aussi Ivan Fellegi, prédécesseur de Munir Sheikh à titre de statisticien en chef du Canada, un poste qu'il a occupé pendant 23 ans. M. Fellegi a déjà exprimé sa forte opposition à la décision du gouvernement.