Le Canadien Omar Khadr, détenu à la base américaine de Guantanamo dans l'attente de l'ouverture de son procès pour meurtre et actes de terrorisme, reviendra devant ses juges dans un climat d'incertitude lundi, après s'être séparé de ses avocats américains.

Le tribunal militaire américain doit désormais déterminer la suite de la procédure, quatre jours après qu'il a décidé de renvoyer les avocats américains qui le représentaient.

C'est le 10 août que devait normalement s'ouvrir le procès d'Omar Khadr, 23 ans, accusé d'avoir lancé une grenade qui a tué un soldat des forces spéciales américaines lors de combats en Afghanistan en juillet 2002. Il était alors âgé de 15 ans.

Les cinq derniers jours d'audiences préliminaires pour débattre de l'admissibilité d'une partie de la preuve étaient prévus pour cette semaine. Mais l'annonce jeudi du renvoi de ses avocats américains est venue brouiller les cartes.

«En raison de récents développements dans le dossier Khadr, la session pourrait durer seulement une journée», a confirmé jeudi à l'AFP dans un courriel le major Tanya Bradsher, porte-parole du Pentagone en la matière.

Les journalistes qui couvrent le procès ont déjà été avisés qu'ils devraient quitter la base mercredi.

Les débats cette semaine devaient normalement porter sur une demande de la défense pour exclure certaines déclarations attribuées à Omar Khadr lors d'interrogatoires. Ses avocats voulaient les faire déclarer inadmissibles parce qu'ils prétendaient qu'ils auraient été obtenus de force ou à la suite de mauvais traitements.

Le colonel de l'armée américaine Patrick Parrish, qui agit comme juge dans le dossier du jeune Canadien, devra décider si la procédure peut continuer sans que l'accusé ne soit représenté par avocat.

Dennis Edney, un avocat canadien qui représente les intérêts de Khadr au Canada, a affirmé au quotidien canadien The National Post qu'il ignorait ce qu'il pourrait advenir de son client.

«Plusieurs choses peuvent se produire. (...) nous sommes en territoire inconnu pour l'instant», a-t-il déclaré.

Autre inconnue: la réaction à venir du gouvernement du Canada. Omar Khadr est le dernier citoyen occidental à être détenu à Guantanamo, les autres ayant été rapatriés par leurs gouvernements respectifs. Mais Ottawa a toujours refusé de demander le retour du jeune homme né à Toronto en 1986.

Lundi dernier, la Cour fédérale canadienne a annoncé qu'elle accordait sept jours au gouvernement pour trouver une solution à la violation des droits constitutionnels de son citoyen. La Cour estime que le gouvernement du premier ministre Stephen Harper n'en a pas fait assez après que la Cour suprême lui avait demandé de remédier à la violation des droits d'Omar Khadr.

Ottawa s'était alors contenté de demander au gouvernement américain de ne pas utiliser d'informations obtenues au cours d'interrogatoires menés par des agents canadiens qui avaient visité l'accusé à Guantanamo.

Omar Khadr est détenu depuis huit ans sur la base navale américaine, après avoir été blessé puis capturé lors de combats en Afghanistan en juillet 2002. C'est son père, Ahmed Said Khadr, un proche d'Oussama ben Laden, qui l'avait entraîné au Pakistan puis en Afghanistan à l'époque. S'il est reconnu coupable, il risque la prison à vie.

L'UNICEF et Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU, ont manifesté leur inquiétude quant au sort qui attend celui qu'ils considèrent comme un enfant-soldat.