La chaleur accablante qui s'est abattue sur le Québec au cours des derniers jours pourrait avoir contribué à la mort de dizaines de personnes à Montréal.

Alors que la canicule historique de cinq jours a pris fin hier avec l'arrivée d'orages violents sur tout le sud de la province, les autorités de santé publique ont dressé le bilan de leur plan d'intervention.

Dans la métropole, jeudi, on a recensé 80 décès, toutes causes confondues, soit environ 40 de plus que la moyenne quotidienne. Mercredi, il y a eu 43 morts, soit trois de plus que la normale. Quant aux statistiques pour la journée d'hier, elles n'étaient pas encore disponibles au moment de mettre sous presse.

Fait particulier, plusieurs de ces décès ont été constatés par des ambulanciers, à l'extérieur des centres hospitaliers. Jeudi, 35 personnes sont mortes à l'extérieur des établissements du réseau de la santé. C'est davantage que la moyenne qui est de 1 à 14 décès par jour.

«Il ne faut pas paniquer avec ces données, mais cela nous démontre clairement qu'il y a une hausse, par rapport aux différents indicateurs, qui pourrait être liée à la chaleur», a indiqué hier Luc Lefebvre, coordonnateur des mesures d'urgence de la direction de la santé publique de Montréal.

«À l'heure actuelle, on n'est pas en mesure de confirmer que l'ensemble de ces décès sont liés à la chaleur, a-t-il nuancé. Toutefois, ce qui est sûr, c'est que la population du Grand Montréal a souffert de cette canicule.»

Dans les prochains jours, les autorités étudieront de plus près chaque dossier. «Nous allons évaluer chacun des constats de décès pour connaître quelles sont leurs conditions sous-jacentes. Nous allons tenter de déterminer si nous aurions pu faire mieux et si nous aurions pu éviter des décès. À l'heure actuelle, c'est impossible de le savoir», a dit M. Lefebvre.

De son côté, Urgences-santé a indiqué avoir reçu 1391 appels en provenance du 911, dont 756 ont nécessité un transport à l'hôpital. En moyenne, les ambulanciers reçoivent quotidiennement de 800 à 850 appels et font de 550 à 600 transports.

«Nous avons eu 10 équipes de plus sur la route et nous avons offert des heures supplémentaires aux employés déjà à l'horaire», a expliqué Benoît Garneau, porte-parole d'Urgences-santé.

Le travail des ambulanciers n'a pas été facile au cours des derniers jours, a-t-il expliqué. «C'est difficile pour les citoyens, mais c'est difficile aussi pour les gens qui travaillent dans des conditions extrêmes. Des ambulanciers ont dû aller chercher des personnes parfois lourdes au troisième étage et les descendre sur des civières. Ils ont fait un travail remarquable.»

Des mesures maintenues

Bien que le mercure ait chuté d'une dizaine de degrés avec l'arrivée de la pluie, la Ville de Montréal a décidé de maintenir une partie des dispositions adoptées mercredi pour limiter les effets négatifs de la chaleur.

Une partie des haltes climatisées resteront ouvertes, mais les heures d'ouverture de plusieurs d'entre elles seront modifiées. Seulement 436 personnes ont utilisé l'une des 108 haltes mises à la disposition du public.

Les pompiers et les policiers, qui ont visité plus de 6700 logis en trois jours, vont poursuivre leur porte-à-porte, et les heures d'ouvertures des piscines et pataugeoires vont demeurer prolongées.

«La température chute grâce aux averses abondantes, mais il ne faut pas baisser la garde, a indiqué M. Lefebvre. L'organisme humain réagit à la chaleur et c'est un effet d'accumulation qui se produit. Donc, même si la température extérieure a chuté, les personnes qui ont été exposées à la chaleur peuvent continuer d'avoir un état qui se dégrade dans les prochains jours.»

Environnement Canada prévoit que le ciel se dégagera aujourd'hui en matinée et que les températures se situeront un peu au-dessus des normales de saison ce week-end. On prévoit du temps sec avec des maximums de 26 aujourd'hui et de 29 demain.

La semaine prochaine, l'humidité se réinstallera graduellement. Avec le facteur humidex, les températures ressenties pourraient atteindre de 35 à 40°C à la fin de la semaine, ce qui pourrait replonger le Québec dans une deuxième vague de chaleur.