À l'occasion de la Saint-Jean, nous avons demandé à des expatriés ce qui leur manque du Québec et ce dont ils ne s'ennuient pas du tout. Loin des yeux, près du coeur, malgré quelques petites critiques bien senties!

La famille et les amis, c'était prévisible. La poutine aussi. Mais le St-Hubert ? On ne compte plus la quantité d'expatriés québécois qui nous ont mentionné ce restaurant dans la liste des choses qui leur manquent du Québec.

En Nouvelle-Zélande, Marc Pépin s'ennuie précisément de «la sauce barbecue St-Hubert» et des gâteaux Vachon.

Aux Caraïbes, Hélène Couture nous confie que, par moments, elle donnerait «n'importe quoi» pour croquer dans une McIntosh. En France, Amélie Faubert s'ennuie des épluchettes de blé d'Inde. À Singapour, Danielle Champagne s'ennuie aussi du maïs, de même que des bons légumes et fruits frais en saison - ah ! la saison des fraises, des framboises et des bleuets ! - de la cabane à sucre et du casse-croûte du coin.

On s'ennuie donc de la bouffe, mais pas de la grande bouffe. Pas de ce resto chicos du Plateau. On s'ennuie du St-Hubert, de la poutine et des gâteaux Vachon.

Mais bien sûr, on s'ennuie davantage des gens. De cette filleule, écrit encore Amélie, qui lui écrit chaque semaine pour lui demander de revenir. De ce neveu que Jean-Christophe Trottier, en Suisse, regrette de ne pas voir grandir. «Et rien ne remplace Noël en famille», ajoute-t-il.

Vous verrez dans son envolée ci-contre que, au Japon, Pierre-Yves Lebon, lui, s'ennuie de la Québécoise. Et pas à peu près.

La relation amour-haine des Québécois envers l'hiver ressort très clairement. L'hiver se retrouve dans les deux colonnes. Dans celle des choses qui manquent à nos exilés et dans celle des choses dont ils se trouvent bien débarrassés.

Martin Saint-Hilaire s'ennuie (en plus du St-Hubert) de savourer le printemps après les hivers de six mois ; Marie-Pierre Breton, des promenades dans la neige après une tempête. Pascale Paradis, en Grande-Bretagne depuis 12 ans, se souvient avec émotion de ces après-midi auprès du feu, de ces journées où, tout excités, les enfants apprennent qu'ils n'iront pas à l'école parce qu'il y a tempête. André Lorrain, qui vit en Bourgogne, regrette le charme des étés indiens. À Singapour, Danielle Champagne écrit qu'elle s'ennuie de « la fraîche», des saisons qui passent, mais certainement pas de pelleter avant d'aller travailler, de se lever quand il fait noir et de rentrer du boulot quand il fait tout aussi noir. Pas plus, dit-elle, qu'elle ne s'ennuie de la grisaille mentale des Québécois, de leur «attitude défaitiste».

Après la poutine, le St-Hubert, la famille et les amis, les mentions les plus fréquentes, cette fois dans la liste des choses qui manquent le moins à nos expatriés, ont trait aux politiciens. Certains disent être bien débarrassés du PQ, d'autres, du Parti libéral. Il ne se trouve que Jérôme Gagnon-Voyer qui, à Toronto, dit s'ennuyer d'un politicien : le divertissant Régis Labeaume. Ah oui, et Françoise Roy, qui, vu du Mexique, trouve finalement nos politiciens assez honnêtes !

Chose certaine, à la lecture des listes, on peut déduire que nos exilés s'ennuient du côté relax des Québécois, de leur ouverture et de leur hospitalité.

On s'ennuie tant que, à Singapour, Danielle Champagne écrit qu'ils seront sans doute une cinquantaine, le 26 juin, à célébrer le Québec.

En Suède, Marie-Noël Raymond nous écrit que les gens célèbrent plutôt le solstice d'été, le Midsommar, le plus souvent à leur chalet, à la campagne. On mange du hareng, on boit beaucoup de bière froide, «souvent brassée expressément pour la Saint-Jean. On fête toute la nuit.»

Mais Mme Raymond semble surtout avoir hâte au 25 juin. Que la journée soit passée. Car le 24, «on sait que nos familles, nos amis feront la fête ensemble et on réalise bien qu'on ne sera pas du nombre. Pour ma part, je tente plutôt de chasser cela de ma pensée, car ça me rend nostalgique. Au même titre que j'ai cessé d'écouter la radio de Radio-Canada en ligne - écouter Le Bigot, les week-ends, me donnait le cafard...»