Le projet de loi 71, qui propose de réduire la limite d'alcoolémie légale à 0,05, va rester sur la glace au moins jusqu'à l'automne, faute d'une entente entre le gouvernement Charest et les élus de l'opposition.

Après de longues heures de discussion en commission parlementaire, cette semaine, les travaux des députés ont été ajournés tard jeudi soir, sans même que les articles les plus «délicats» du projet de loi soient abordés. Les nouvelles mesures pour réduire l'alcool au volant prévoient, notamment, une «sentence administrative» automatique de 24 heures sans conduire pour les conducteurs montrant un taux d'alcoolémie supérieur à 0,05 mg d'alcool par 100 ml de sang.

 

Aucun point d'inaptitude ni amende ne se serait ajouté à la mesure administrative. Les poursuites judiciaires et la suspension prolongée du permis de conduire auraient continué de s'appliquer seulement aux chauffeurs dont le taux d'alcoolémie dépasse 0,08.

Le député péquiste de Verchères, Stéphane Bergeron, a expliqué hier à La Presse que cette mesure «ne peut pas avoir les impacts souhaités sur le bilan routier du Québec si elle n'est pas appuyée par des gestes concrets. Le gouvernement n'a pas fait la démonstration que ces conditions sont réunies».

M. Bergeron a estimé que la marraine du projet de loi, la ministre des Transports, Julie Boulet, «demandait d'approuver des mesures qui sont controversées sur un acte de foi. Si le public n'a pas été sensibilisé, s'il n'y a pas plus de barrages policiers pour contrôler, comment sait-on si la nouvelle limite est respectée?»

La ministre Boulet «déçue»

Pour sa part, la ministre Boulet, qui a proposé à l'opposition de reporter jusqu'en 2012 l'entrée en vigueur de cette nouvelle mesure, en échange de sa collaboration, était «évidemment déçue» hier que l'étude du projet de loi 71 soit reportée à la reprise des travaux parlementaires, à la fin de l'été.

«Nous savions, dès nos premières discussions avec les députés du Parti québécois, qu'ils ne voulaient pas aller de l'avant avec le 0,05, a affirmé la ministre hier. C'est dommage parce que des études démontrent qu'on pourrait diminuer de 8% par année le nombre de morts sur les routes en incitant les conducteurs à ne pas consommer d'alcool avant de prendre le volant.»

La ministre a dit avoir bon espoir que le projet de loi revienne à l'agenda des parlementaires à la rentrée, «parce que le premier ministre y croit et que le gouvernement y tient».