Des milliers de Québécois oublient de réclamer des sommes qu'ils ont gagnées à la loterie. Depuis trois ans, Loto-Québec a ainsi amassé pas moins de 18 millions de dollars, à coups de 5, 10 ou 20$ de gains non réclamés.

En 2007, les lots non réclamés s'élevaient à 8,3 millions. En 2008, ils ont atteint 5,1 millions et, en 2009, 3,8 millions. Total depuis trois ans: 18 millions. «En très grande majorité, ce sont de tout petits lots. Beaucoup de très petits prix ne sont pas réclamés», explique le porte-parole de Loto-Québec, Jean-Pierre Roy.

 

La Presse a obtenu ces chiffres grâce à la Loi sur l'accès à l'information.

La majeure partie des sommes non réclamées ont été remportées à la loterie instantanée (les billets dits «gratteux») ou alors à la loterie dite passive, comme la Mini ou la Poule aux oeufs d'or. Ces lots sont généralement de moins de 50$. Légalement, les gagnants ont un an pour réclamer leur lot.

À quoi Loto-Québec consacre-t-elle ces sommes non réclamées? «On les utilise pour payer des lots bonis, des tirages extraordinaires, ou alors pour augmenter le taux de remise de certaines loteries», dit Jean-Pierre Roy. La société d'État finance également les commerçants qui remportent indirectement un lot en vendant un billet gagnant. Mais ces sommes peuvent aussi se retrouver au fonds consolidé du gouvernement du Québec, précise M. Roy.

Les lots non réclamés représentent une infime fraction des sommes gagnées grâce aux billets de loterie vendus au Québec. Au cours de la même période (trois ans), les lots attribués s'élèvent à plus de 3 milliards de dollars... Et les ventes de billets de loterie s'élèvent à près du double, soit à 6 milliards de dollars.

Loto-Québec fait l'impossible pour faire connaître les numéros gagnants aux détenteurs de billet, souligne Jean-Pierre Roy. «Il y a des codes-barres sur les billets, que tous les dépanneurs peuvent vérifier. On publie les numéros sur l'internet, dans les journaux.»

Aux détenteurs de billets, ensuite, de faire leur part...

Par ailleurs, depuis sept ans, Loto-Québec a dépensé pas moins de 215 millions en publicités diverses. Elle a dépensé 24 millions en 2003, et le chiffre a graduellement augmenté jusqu'à atteindre à 29 millions l'an dernier. À cela s'ajoutent quelques millions dépensés en publicité touristique par la Société des casinos du Québec.

Les porte-parole de la société d'État estiment que ces sommes sont très raisonnables. «Loto-Québec a le plus bas ratio des sociétés de loterie canadienne entre les dépenses liées à la publicité et les ventes réalisées», précise Lynne Roiter, présidente de la direction juridique de Loto-Québec.