La Commission canadienne des droits de la personne (CCDP) entend déterminer si Ottawa fait preuve de discrimination à l'endroit des familles de soldats célibataires tués à l'étranger en refusant de leur verser des prestations de décès d'un quart de million de dollars.

La Presse Canadienne a appris que l'organisme compte tenir une audience à ce sujet au cours des mois à venir. Il se penchera alors sur la plainte faite par un couple de l'Ontario, dont le fils, le caporal Matthew Dinning, a été tué lors de l'explosion d'une bombe à Kandahar, il y a quatre ans.

«Les soldats mariés et célibataires se sont battus côte à côte en Afghanistan, ils ont porté le même uniforme, ils sont morts pour le même pays, leurs cercueils ont été recouverts du même drapeau, ils devraient être traités de la même façon en ce qui a trait aux prestations de décès», a affirmé Lincoln Dinning en entrevue depuis son domicile de Wingham, en Ontario.

«C'est une question de morale et d'éthique, a-t-il ajouté. Et il s'agit de traiter de la même façon tous les soldats morts.»

Lorsque qu'un militaire marié tombe au combat, le conjoint survivant et leurs enfants sont admissibles à un versement unique de 250 000 $ visant à leur permettre d'assumer les coûts de leur transition vers la vie civile. Cette somme est payée indépendamment de l'argent reçu ou non d'une société d'assurance-vie.

Toutefois, les proches des soldats célibataires n'ont pas droit à cette indemnité, que le gouvernement conservateur a commencé à verser à la suite de l'entrée en vigueur de la nouvelle Charte des anciens combattants, en 2006. Cette charte a modifié la façon dont les ex-soldats, marins et aviateurs sont traités une fois à la retraite, et les avantages offerts à leurs familles.

«Ce n'est pas une question d'argent car 250 000 $ (pas plus que) 250 millions ne vont ramener les soldats, a indiqué M. Dinning. Il s'agit de traiter tous les soldats de la même façon, avec dignité et respect, peu importe leur situation familiale.»

Le ministre fédéral des Anciens combattants, Jean-Pierre Blackburn, a refusé de commenter cette affaire, se bornant à dire que l'indemnité de décès avait été mise en place après mûre réflexion.

En vertu de l'ancien système, le gouvernement fédéral versait une indemnité de décès qui équivalait au double du salaire annuel du soldat tué. L'argent allait au conjoint ou à tout autre bénéficiaire désigné par le militaire. S'il n'y avait pas de bénéficiaire, les fonds étaient versés à la succession.