Une importante organisation se portant à la défense des droits humains a vivement conseillé au gouvernement de Stephen Harper d'inclure l'avortement dans son initiative sur la santé maternelle qu'il veut présenter au G8.

Human Rights Watch, qui a son siège à New York, a également averti le gouvernement Harper que la réputation de son pays quant au respect des droits humains s'était «érodée».

Le groupe a soulevé la question controversée de la position canadienne sur l'avortement lors d'une rencontre qui s'est tenue plus tôt cette semaine au ministère des Affaires étrangères entre un organisateur important du sommet, le sous-sherpa Keith Christie, et le directeur adjoint Asie de Human Rights Watch, Phil Robertson.

«C'est important que l'enjeu de la santé maternelle soit soulevé au G8», a dit M. Robertson, soulignant que cela aurait dû être fait depuis longtemps.

«Cela étant dit, nous croyons que les services offerts et qui sont soutenus par le G8 devraient être étendus - rien ne devrait être tenu à l'écart. Ces services devraient vraiment être offerts en fonction des besoins sur le terrain et cela inclut assurer un accès aux avortements sécuritaires», a poursuivi le représentant de l'organisme.

Mais Phil Robertson a refusé de discuter de la réponse de son interlocuteur, M. Christie.

Le gouvernement conservateur a par ailleurs insisté sur le fait qu'il pouvait offrir de l'assistance dans une variété de domaines, comme la sécurité alimentaire et apporter de l'aide aux enfants et aux mères pauvres de l'Afrique, de l'Asie et de l'Amérique latine et ce, sans financer l'avortement.

La Presse Canadienne a dévoilé la semaine dernière que le gouvernement Harper a tourné le dos aux conseils de ses propres fonctionnaires de l'Agence canadienne de développement international. Ces derniers avaient dit à la ministre de la Coopération internationale, Bev Oda, que l'accès à l'avortement sécuritaire pourrait sauver de nombreuses vies dans les pays pauvres.

«Nous pouvons dire que historiquement, le Canada a soutenu un nombre étendu de services pour la santé reproductive des femmes et que le Canada, idéalement, devrait revenir à cette position», a dit M. Robertson.

Selon lui, la réputation du Canada sur la scène internationale pourrait en souffrir.

«Le Canada est perçu dans la communauté internationale comme un pays qui se préoccupe des droits humains», a-t-il indiqué, ajoutant que toutefois, il y a certaines inquiétudes à l'effet que les normes canadiennes touchant aux droits humains commençaient à s'éroder.

Ce dernier a également souligné que la voix canadienne a été particulièrement silencieuse dans ce continent lorsque la communauté internationale a fait pression sur les régimes du Myanmar et de la Corée du Nord.

M. Robertson veut que le Canada inscrive les droits humains à l'agenda du G8.

Il a affirmé que la communauté internationale souhaite que le Canada fasse de cet enjeu un élément clé de sa politique internationale lors d'événements comme les sommets du G8 et du G20 et des rencontres de l'ONU.