Les autochtones du nord du Canada demandent un arrêt immédiat de toute activité de production d'hydrocarbures dans la mer de Beaufort, tant que la sécurité du délicat écosystème de la région ne pourra être garantie.

«La (Inuvialuit Regional Corp.) ne peut continuer ses activités de forage dans la région de la mer de Beaufort située au-delà des zones terrestres recouvertes de glace», a déclaré le groupe dans une lettre adressée mercredi à l'Office national de l'énergie du Canada (ONEC).

L'ONEC prévoit faire l'examen des règles qui régissent le forage en mer Arctique, réévaluer ses normes et étudier la possibilité d'imposer aux entreprises exploitantes la construction d'un puits de secours. Ce type de puits prévient les fuites d'hydrocarbures qui peuvent se produire lors du forage des puits initiaux.

Ainsi, puisque le climat en Arctique ne permet le forage en mer que deux ou trois mois par année, les entreprises ont demandé à l'ONEC d'assouplir ses règles.

Mais la leader autochtone Nellie Cournoyea, qui représente les Inuvialuits de l'ouest de l'Arctique canadien, affirme qu'après la catastrophe du golfe du Mexique, elle n'a plus confiance aux promesses des pétrolières qui assurent de la sécurité de leurs procédés.

«Je crois vraiment que ce qui s'est produit dans le golfe du Mexique démontre que (les méthodes) qui ont été préconisées ne seront pas efficaces, a-t-elle dit. Les promesses des pétrolières qui assurent la sécurité de leurs procédés sont de toute évidence fausses.»

De la même façon, Mme Cournoyea a indiqué que les Inuvialuits n'étaient pas satisfaits de la façon dont le Canada s'était occupé du nettoyage de récentes catastrophes.

Il n'existe actuellement aucune technologie pour nettoyer une marée noire dans les eaux de l'Arctique, et il n'y a aucune façon d'évaluer la progression d'une telle fuite sous le couvert de glace. Il n'y a pas non plus d'équipement ou d'infrastructures suffisantes dans la région pour réaliser des travaux de nettoyage.

Les Inuvialuits ont souligné ces points au gouvernement et à l'industrie, mais selon Mme Cournoyea, personne n'a daigné l'écouter. «Nous avons complété le processus. Nous avons fait nos recommandations et très peu d'entre elles ont été suivies. Il n'existe aucune façon de nettoyer une marée noire dans la mer de Beaufort.»

Les entrepreneurs inuvialuits participent depuis longtemps déjà au développement énergétique de la région du delta de MacKenzie, et la Inuvialuit Regional Corp. a été l'une des plus ardentes partisanes du projet de construction d'un oléoduc dans la vallée de MacKenzie. Mais Mme Cournoyea assure que l'exploration et le forage dans la mer de Beaufort sont des activités complètement différentes.

«Ce doit être une approche réfléchie, a-t-elle expliqué. Nous appuierons le projet s'ils trouvent une façon d'empêcher une fuite, et établissent des approches pour colmater une fuite accidentelle, la contenir et la nettoyer. Nous voulons simplement sensibiliser les entreprises à cet enjeu important.»

L'ONEC a récemment remis à plus tard un examen des politiques qui encadrent le forage dans la mer de Beaufort, au large de la côte nord-ouest du Canada. Même si aucune pétrolière n'a d'intentions immédiates de forer dans la mer de Beaufort, plusieurs permis d'exploration ont été émis pour cette région.