Le Groupe PR Maintenance, qui veut faire l'acquisition de BCIA, compte parmi son équipe l'un des acteurs du scandale des commandites, Benoît Corbeil. Jusqu'à tout récemment vice-président au développement des affaires, il joue aujourd'hui, selon un porte-parole de l'entreprise, un rôle de «soutien» et de «contribution aux efforts de développement des affaires».

Benoît Corbeil doit comparaître en Cour d'appel la semaine prochaine pour contester la peine de prison à laquelle il a été condamné après s'être reconnu coupable de fraude et de trafic d'influence.

 

Le Groupe PR Maintenance, une entreprise d'entretien ménager de Terrebonne, est contrôlé par l'homme d'affaires Pierre Robitaille. Son chiffre d'affaires s'élèverait à 100 millions de dollars.

Contrats gouvernementaux

L'entreprise affirme que la plupart de ses clients sont du secteur privé. Or, depuis l'embauche de Benoît Corbeil en juin 2005, elle a obtenu plusieurs contrats gouvernementaux, tant au fédéral qu'au provincial et à la Ville de Montréal.

Par exemple, PR Maintenance Management, une composante du groupe, a décroché le 7 décembre 2005 un contrat de plusieurs dizaines de milliers de dollars pour l'entretien de la maison Wilson, au lac Meech, où a été négocié l'accord du même nom.

Le contrat, accordé à la suite d'un appel d'offres et durant la campagne électorale fédérale, n'a été conclu que six mois après l'embauche de M. Corbeil et seulement un mois après la publication du premier rapport Gomery sur le scandale des commandites.

Le gouvernement Harper a décidé d'y mettre un terme en février 2008 après avoir déboursé 83 000$. «Le travail n'a pas été réalisé selon les normes exigées dans le contrat», a expliqué une porte-parole de Travaux publics, Nathalie Bétoté Akwa.

PR Maintenance Management a aussi obtenu au moins trois contrats du gouvernement fédéral par l'entremise d'une filiale de SNC Lavalin, Profac, qui gère 320 immeubles fédéraux au Canada.

Depuis l'arrivée au pouvoir des conservateurs, en janvier 2006, elle a obtenu trois contrats pour l'entretien de six immeubles au Québec, dont l'un sans appel d'offres, «ce qui, selon nos règles d'approvisionnement, est permis», a noté la porte-parole de SNC Lavalin, Leslie Quinton. Ces contrats, dont les entreprises ont refusé de divulguer la valeur, sont toujours en vigueur.

Le 22 octobre dernier, dans ses plaidoiries sur la peine qu'il devait recevoir, Benoît Corbeil a déclaré sous serment: «J'ai été chercher trois gros clients chez PR Maintenance et avec ces revenus-là, je fais moi-même mes revenus.» L'entreprise n'a pas voulu dire de quels contrats il s'agissait.

Le site web RueFrontenac.com a par ailleurs révélé que le Groupe PR Maintenance avait obtenu des contrats de plusieurs millions de dollars avec la SAQ, la Ville de Montréal et l'Université de Sherbrooke.

Nouveu poste

Un porte-parole du groupe PR Maintenance a affirmé à La Presse que, depuis qu'il a plaidé coupable aux accusations qui pesaient sur lui, le 4 décembre dernier, M. Corbeil n'occupe plus le poste de vice-président au développement des affaires de l'entreprise, mais plutôt celui de «conseiller-rédacteur». Il a précisé qu'il n'avait eu aucun rôle à jouer dans la transaction avec BCIA.

Benoît Corbeil a été condamné à 15 mois de prison et à rembourser 117 000$ au Parti libéral du Canada. Il conteste cette peine et doit retourner en Cour d'appel le 21 mai.

Avec la collaboration de William Leclerc