Des militants des droits des travailleurs d'un bout à l'autre du Canada se réjouissent d'une récente décision de la Commission des relations de travail du Québec (CRTQ) qui a accordé le droit aux ouvriers mexicains d'une petite ferme agricole de la province de se syndiquer.

Il s'agissait de l'une des nombreuses affaires judiciaires -dont plusieurs ont abouti en Cour suprême- impliquant les droits des travailleurs migrants à travers le pays.

Ainsi, à la mi-avril, la CRTQ a déclaré inconstitutionnelle une clause du Code du travail qui empêchait les travailleurs immigrants de se syndiquer.

L'avocat Naveen Mehta, qui se porte à la défense des droits humains et qui oeuvre auprès du syndicat des Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce (TUAC), a qualifié le jugement de la CRTQ d'immense victoire sur le plan légal.

Le Code du travail du Québec empêchait les ouvriers agricoles de former une association syndicale, à moins que trois employés permanents soient embauchés sur une ferme pour l'année complète. Selon l'avocat, cela bloquait toute tentative de syndicalisation, d'autant plus que le type de boulot effectué par les immigrants était saisonnier.

Les fermes ont évolués

La commission a finalement jugé que l'exception n'était plus justifiée sur le plan financier.

Pierre Grenier, l'avocat qui a représenté le syndicat dans cette affaires, a soutenu que la clause n'était plus valide aujourd'hui puisque les fermes ont évolué et sont devenues des entreprises spécialisées faisant des affaires significatives. Selon lui, elles n'ont donc plus besoin d'une telle protection.

Une idée que conteste Nunzio Notaro, le président d'une association représentant 500 fermes québécoises et qui travaille de concert avec le gouvernement fédéral pour recruter des travailleurs étrangers. Il affirme que 75% des membres de son association emploient moins de dix travailleurs et que leur situation financière demeure précaire.

Selon les chiffres du gouvernement fédéral, plus de 200 000 travailleurs temporaires étrangers auraient fourni du travail en 2009 dans plusieurs secteurs de l'économie.

Celui de l'agriculture serait le plus déficitaire en terme de main-d'oeuvre et ce, malgré une hausse du nombre d'immigrants inscrits au Programme des travailleurs agricoles saisonniers. Ils étaient 8000 en 2003.