L'éruption d'un volcan en Islande perturbera encore quelques jours le trafic aérien en Europe, alors qu'au Canada un véritable défi opérationnel guette maintenant les transporteurs.

Les tâches des prochains jours consisteront principalement à réorganiser les vols annulés et à coordonner les efforts de planification dans différents aéroports, pour la plupart interreliés.

Jacques Roy, professeur au service de l'enseignement de la gestion des opérations aux HEC Montréal, a qualifié cette réorganisation de gigantesque casse-tête.

«Chaque fois que survient une perturbation, qu'il s'agisse d'une tempête, d'un épisode de verglas ou d'un autre aléa climatique, il faut ensuite prévoir de sérieux réajustements pour relancer les activités régulières et corriger ce qui a été affecté», a expliqué Jacques Roy.

De son côté, le porte-parole de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) à Montréal, Denis Chagnon, a déjà conclu à un bilan positif pour cette première étape de la crise. La réaction rapide a permis d'éviter le pire.

«Nous ne comptons aucun accident, aucun blessé alors nous avons réussi à avoir un bilan parfait d'un point de vue des opérations», s'est réjoui M. Chagnon.

M. Chagnon a expliqué que les cendres volcaniques ont un effet abrasif sur un appareil, tant sur la carlingue que sur le hublot. Elles sont également nuisibles pour la visibilité et peuvent étouffer un moteur d'avion. Ces effets combinés représentent une menace très sérieuse pour la sécurité lors des vols.

Depuis 1987, l'OACI et l'organisation mondiale de la météorologie ont mis sur pied un plan de contingence pour gérer, précisément, les situations à haut risques en matière de transport aérien. Après l'éruption du volcan, l'interruption des opérations a été très efficace. Au plan humain par contre, la situation a été plus difficile.

«Tout est là, c'est malheureux du côté des passagers, mais il faut se dire que tout le monde est sauf», a insisté le porte-parole de l'Organisation de l'aviation civile internationale.

Outre les vols annulés, certains passagers voient leurs raccordements pour d'autres départs déplacés. Un effet domino complexe s'est déjà mis en oeuvre et impliquera de nouvelles réservations, la gestion des annulations et la prévision de sièges supplémentaires.

C'est précisément avec une telle situation qu'ont dû jongler les HEC l'an dernier, lors d'un concours international qui portait sur la gestion des perturbations dans le secteur aérien. Vingt-neuf équipes en provenance de 15 pays se sont disputées la première position. L'équipe du professeur Jean-François Cordeau, des HEC, l'avait emporté.

Le problème à résoudre consistait à intégrer différents niveaux de décision en cas de perturbations, que ce soit d'ordre mécanique, lors d'une grève ou en lien avec les conditions météorologiques extrêmes. L'équipe des HEC devait trouver le moyen de réaffecter de façon simultanée une flotte d'appareils et ses passagers.

Les responsables des organisations des aviations civiles doivent affronter, dans le réel cette fois, l'exercice fictif réalisé en 2009.

Les compagnies aériennes s'organisent

En raison de la fermeture de plusieurs aéroports européens, certains transporteurs aériens ont simplifié leurs procédures pour leurs clients ainsi perturbés.

Air Canada a annoncé que ses vols à destination et au départ des aéroports européens Londres Heathrow, Paris-Charles-de-Gaulle et Francfort ont été annulés. La compagnie a révisé sa politique de billetterie pour les voyageurs qui devront modifier leurs plans de voyage.

Chez Transat, les vols entre le Canada et le Royaume-Uni sont retardés jusqu'à nouvel ordre, mais ceux en direction de la France et de l'Italie partiront selon l'horaire prévu.

Pour ce qui est d'Air France-KLM, les passagers en provenance de France et d'Amsterdam ne repartent pas. Leur hébergement a été assuré et l'entreprise devra tenter de trouver des solutions de rechange.