Une faible majorité de Québécois aimerait en savoir davantage sur Jésus et plus du tiers croient qu'il est le fils de Dieu. Mais il impressionne moins les jeunes que les plus vieux, selon un nouveau sondage CROP qui confirme que les institutions religieuses sont de moins en moins influentes auprès de la population, même en matière de foi.

«On voit que Jésus est toujours présent dans la psyché des Québécois, mais moins qu'avant», explique Louis Lesage, ancien journaliste à Second regard de Radio-Canada, qui a contribué à la préparation du sondage, commandité par Présence magazine, le Centre culturel chrétien de Montréal et le diocèse de Montréal. «Les jeunes adultes, en particulier, sont moins croyants et moins intéressés par Jésus. Cela dit, on remarque que même chez les agnostiques et les athées, Jésus continue souvent d'être vu favorablement.»

En effet, moins de la moitié des athées et des agnostiques se disent «pas du tout» impressionnés par Jésus. Chez les catholiques, c'est le cas de 15% des répondants. Près d'un tiers des jeunes adultes ne sont «pas du tout» impressionnés par Jésus, contre le quart des 35 à 54 ans et 12% des 55 ans et plus.

Les 18 à 34 ans sont 34% à se déclarer athées, agnostiques ou sans religion, contre 15% des 35 à 54 ans et 11% des 55 ans et plus. À noter, la proportion en hausse par rapport à une étude de 2006 de Statistique Canada, qui avait évalué à 9% la proportion de «sans religion» au Québec et à 22% dans le reste du Canada.

La différence de génération est moins marquée pour ce qui est de croire que Jésus est le fils de Dieu. Pour plusieurs spécialistes, c'est cette question qui fournit les réponses les plus intéressantes, notamment parce que seulement 57% des catholiques pratiquants considèrent que Jésus est d'abord et avant tout le fils de Dieu.

«C'est un élément fondamental du dogme catholique», déplore Raymond Gravel, prêtre du diocèse de Joliette. «Je fais parfois des séances de discussion avec des groupes catholiques et ça me renverse toujours de voir combien les gens sont mal informés. Plusieurs personnes croient aussi en la réincarnation! J'espère que le nouveau cours d'éthique et culture religieuse informera mieux les jeunes.»

Selon Gilles Routhier, théologien à l'Université de Montréal, ce chiffre indique que les institutions ne sont plus les lieux où la population apprend à être catholique. «C'est beaucoup plus dans la culture qu'à l'école ou à l'église, dit M. Routhier. Je ne mets donc pas trop le salut dans le nouveau cours. Là où on apprend les choses, c'est à travers les produits culturels, la dissémination dans la culture. Il y a 30 ou 40 ans, c'était à travers l'église, l'école et la famille. Ce qui m'apparaît de plus en plus manifeste, c'est que les institutions ne contrôlent plus le message. On est presque rendu comme au moment du ministère public de Jésus. Les gens s'interrogent. Jésus demandait parfois à ses disciples comment les gens le percevaient. On revient dans cette position, au débat.»

Le Québec est d'ailleurs le champion du «catholicisme non pratiquant», rapporte Reginald Bibby, sociologue des religions de l'Université de Lethbridge, en Alberta. «La croyance en la divinité de Jésus est plus grande au Québec que partout ailleurs au pays, dit M. Bibby. Les gens qui ne vont jamais à l'église sont deux fois plus susceptibles, au Québec - 61% contre 32% pour tout le Canada -, de croire que Jésus est le fils de Dieu.» Ces chiffres de 2005 ne peuvent pas être directement comparés au sondage de M. Lesage, qui utilisait l'expression «avant tout» dans la question sur la divinité de Jésus.

Un autre sondage de M. Bibby montrait en 2008 que les adolescents du Québec sont même plus susceptibles que la moyenne canadienne d'envisager une cérémonie religieuse pour célébrer la naissance d'un futur enfant - 74% contre 62% ailleurs au Canada. La proportion qui envisageait des funérailles religieuses était la même, un peu plus de 80%, alors que le mariage religieux était moins populaire chez les adolescents québécois, 77% contre 86% ailleurs au Canada - un chiffre relativement élevé compte tenu de la popularité des unions libres au Québec.

***

Jésus au Québec

33% des catholiques et 70% des répondants des autres confessions sont pratiquants

65% des athées et des agnostiques connaissent Jésus très ou plutôt bien

18% des 18 à 34 ans et 32% des 55 ans et plus sont beaucoup impressionnés par Jésus

12% des athées et des agnostiques et 44% des catholiques pratiquants sont beaucoup impressionnés par Jésus

29% des 18 à 34 ans et 41% des plus de 55 ans considèrent que Jésus est d'abord et avant tout le fils de Dieu

26% des 18-34 ans et 32% des plus de 55 ans considèrent que Jésus est d'abord et avant tout un modèle de vie

22% des athées et des agnostiques et 31% des catholiques pratiquants considèrent que Jésus est d'abord et avant tout un modèle de vie

23% des athées et agnostiques et 2% des catholiques pratiquants considèrent que Jésus est d'abord et avant tout un personnage inventé

16% des athées et des agnostiques et 57% des catholiques pratiquants considèrent que Jésus est d'abord et avant tout le fils de Dieu

Source: sondage CROP commandité par le Centre culturel chrétien de Montréal, Présence magazine et le diocèse de Montréal. Le sondage a été réalisé du 14 au 24 janvier 2010 auprès de 950 répondants.