Le président et le vice-président du conseil d'administration de Droits et Démocratie ont des explications divergeant considérablement quant au problème minant leur organisme.

Droits et Démocratie, organisme gouvernemental indépendant établi à Montréal et promouvant les droits démocratiques à l'étranger, est la proie de querelles internes depuis près d'un an entre le personnel, la direction et des membres du conseil d'administration nommés par le gouvernement fédéral.

Des critiques soutiennent que ces querelles sont le fruit de l'idéologie pro-israélienne qui inspirerait le gouvernement fédéral et de la manipulation d'organismes indépendants à laquelle il se livrerait.

Mais des membres du conseil d'administration assurent qu'il ne s'agit que d'inculquer la reddition de comptes et la transparence au sein d'une agence ayant eu un accès d'idéologie.

Jeudi, quatre membres du conseil d'administration de Droits et Démocratie ont comparu devant le Comité permanent des affaires étrangères et du développement international de la Chambre des Communes. Leurs témoignages n'ont toutefois pas permis de rendre la situation plus compréhensible.

«Le dysfonctionnement résulte de mésententes au sujet de la comptabilité et de la reddition de comptes», a affirmé le vice-président du conseil d'administration de Droits et Démocratie, Jacques P. Gauthier.

Il a rejeté les allégations voulant que le gouvernement fédéral ait nommé plusieurs membres au conseil d'administration afin de modifier la pensée mouvant son organisme. Puis il a affirmé ne jamais avoir été contacté ni par le bureau du premier ministre ni par le ministère des Affaires étrangères pour que des modifications à un projet de son organisme soient apportées.

«Nous réglerons ce qui cloche avec un très précieux organisme», a promis M. Gauthier aux membres du comité.

Mais le président du conseil d'administration de Droits et Démocratie, un allié de M. Gauthier, estime plutôt que son organisme a été «sous l'emprise d'une culture dogmatique».

Aurel Braun, nommé à la tête du conseil d'administration l'année dernière, a commencé son témoignage en confiant qu'il était le fils d'immigrants européens forcés de fuir le nazisme et le communisme. Il a ajouté qu'il avait nourri durant son jeune âge une aversion à l'égard de l'extrémisme idéologique.

Mais bien qu'il ait fait mention de reddition de comptes concernant le budget de Droits et démocratie, M. Braun a insisté pour dire que l'idéologie était à la source des problèmes de son organisme.

Il a raconté avoir découvert un «bastion fermé financé par des fonds publics» et ajouté qu'une trop grande part de cet argent avait été accordée «à des organisations servant de paravent à des terroristes».

L'un des députés du comité, le néo-démocrate Paul Dewar, a voulu en savoir davantage sur les plaintes concernant la reddition de comptes et la transparence.

Le député est parvenu à faire admettre Jacques P. Gauthier qu'il avait récemment accordé sans appel d'offres, alors qu'il était président intérimaire de Droits et Démocratie, plusieurs contrats s'élevant à plus de 10 000 $.

«On n'a eu droit qu'à un groupe de personnes se contredisant», s'est-il plaint par la suite.