La nouvelle taxe sur l'essence suscite des inquiétudes dans la région métropolitaine. Les propriétaires de stations-service qui ont pignon sur rue aux limites de la zone visée craignent d'importantes baisses de revenus.

«Cette nouvelle taxe pourrait inciter les automobilistes à sortir du territoire pour faire le plein, estime Sonia Marcotte, PDG de l'Association québécoise des indépendants du pétrole. Ça risque de créer des distorsions, et même de faire fermer des stations-service.»

Dans le budget présenté mardi, Québec a accordé un nouveau pouvoir de taxation aux villes de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) pour financer le transport collectif. D'ici l'été, les stations-service du Grand Montréal devront facturer le litre d'essence 1,5 cent de plus.

Cette augmentation porte à 0,03$/L la taxe sur l'essence dans le Grand Montréal - depuis 1996, une taxe de 1,5 cent s'appliquait déjà pour financer l'Agence métropolitaine de transport (AMT).

«À 1,5 cent, ça se faisait. Les détaillants qui habitent à la limite de la zone acceptaient de diminuer leur marge de profit pour rester concurrentiels. Mais 3 cents, c'est beaucoup trop», estime Mme Marcotte.

Ronald Houle, qui possède une station d'essence à Repentigny, craint lui aussi des impacts néfastes dans l'industrie. «Déjà, dit-il, beaucoup d'automobilistes d'ici vont faire le plein à Saint-Lin pour sortir du territoire du Grand Montréal.»

Sonia Marcotte estime que Québec devrait appliquer la taxe de façon graduelle, comme c'est le cas aux frontières avec l'Ontario et les États-Unis. Les détaillants québécois établis à la frontière bénéficient de baisses de taxes qui leur permettent de rester concurrentiels.

Martine Rouette, porte-parole de l'AMT, a indiqué hier qu'aucune mesure d'atténuation n'était envisagée pour l'instant. À son avis, la nouvelle taxe n'aura pas d'impact majeur sur les habitudes des automobilistes. «Le prix à la pompe varie parfois de 10 cents par semaine, a-t-elle souligné. Les automobilistes sont habitués aux fluctuations.»

Le directeur général de la CMM, Massimo Iezzoni, s'est réjoui de ce nouveau pouvoir de taxation, qui rapportera 53 millions par année. «La taxe sur l'essence et les droits d'immatriculation n'avaient pas été indexés depuis 1996», a rappelé M. Iezzoni.

Montréal et les villes avoisinantes réclamaient cette hausse depuis plus de 10 ans pour renflouer les déficits chroniques des sociétés de transports en commun, dont l'AMT et la Société de transport de Montréal.