Des responsables de la sécurité ont annulé le discours qu'Ann Coulter devait prononcer à l'Université d'Ottawa, mardi soir, par souci pour sa sûreté.

La décision aurait été prise après que des manifestants eurent bruyamment laissé savoir leur mécontentement au sujet de la venue de Mme Coulter.

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Selon un porte-parole du groupe qui avait organisé l'événement, les craintes relativement à la sécurité de l'Américaine ont fait surface après la tenue, mardi, d'une manifestation réunissant plus de 2000 personnes contre sa visite à l'université de la capitale canadienne.

Ann Coulter est une auteure à succès et chroniqueuse affiliée, considérée comme l'un des leaders de la droite aux États-Unis. Mme Coulter profite des controverses qu'elle créé, bien qu'elle ait souvent tenté de les minimiser en affirmant qu'elle cherchait à faire de l'humour.

Elle a d'ailleurs soulevé l'indignation lors d'un discours prononcé à l'Université Western Ontario, lundi soir, lorsqu'elle a dit, en réponse à une étudiante musulmane de 17 ans qui voulait voyager, de «prendre un chameau» plutôt qu'un tapis volant comme elle l'avait d'abord suggéré.

Avant même le début de sa tournée canadienne, Mme Coulter a reçu une mise en garde secrète du doyen de l'Université d'Ottawa au sujet des limites de la liberté d'expression au Canada.

La lettre a immédiatement été coulée vers des agences de nouvelles conservatrices. A l'une d'elles, Mme Coulter, choquée, a affirmé que l'université la menaçait de la poursuivre au criminel en raison de son discours.

Le NPD accuse Ottawa d'hypocrisie

Plus tôt, le NPD avait accusé le gouvernement d'hypocrisie pour avoir laissé entrer au Canada Ann Coulter après avoir interdit l'accès au pays, l'année dernière, à celui qui prône l'opposé idéologique de cette polémiste de la droite américaine.

Selon la députée néo-démocrate Olivia Chow, la décision d'Ottawa d'interdire l'entrée au pays au député britannique George Galloway, qui avait exprimé des points de vue en faveur des Palestiniens, démontre que les conservateurs ont une politique de «deux poids, deux mesures» à l'égard de la liberté d'expression.

Le ministre fédéral de l'Immigration, Jason Kenney, a justifié cette décision en évoquant l'aide financière que M. Galloway avait donnée au Hamas, groupe considéré comme terroriste par le gouvernement.

Mais Mme Chow a rétorqué que George Galloway n'avait été reconnu coupable d'aucun crime et qu'il pouvait voyager aux États-Unis et partout dans le monde. Elle a accusé le gouvernement de laisser entrer au Canada les personnes qui lui plaisent et de refuser celles qu'il n'aime pas.