Kuujjuaq, c'est le plus grand village de la baie d'Ungava. Au début des années 60, il comptait 359 habitants, dont 29 Blancs.

En 1963, un enfant est attaqué par un chien d'attelage. La police publie alors un avis dans un journal local, sommant les propriétaires de chiens d'attacher leurs bêtes à des chaînes métalliques.

Mais les propriétaires de chiens ne savent pas lire. Leurs chiens, laissés en liberté, passent pour des animaux errants et sont abattus. Selon un des témoignages recueillis par le juge Croteau, à un moment, des chiens étaient mis à mort dans une... chambre à gaz. «C'était comme en Allemagne», dit ce témoin.

Dans un autre village, Kangiqsujuaq, du côté de la baie d'Hudson, un policier est arrivé un jour en avion, avec un aide inuit et plusieurs fusils. À deux, ils ont abattu 200 chiens en trois jours. Les corps des bêtes ont été brûlés sur la glace.

Dans les années 50 et 60, les chiens de traîneau étaient essentiels à l'exercice des activités des Inuits, «à leur survie et à celle de leur famille, pour la chasse, le piégeage, la pêche et le transport», souligne le rapport du juge Croteau. Et les gouvernements ne pouvaient pas ignorer cette réalité.