Clouée au pilori, la FTQ-Construction compte rendre coup pour coup à son plus ardent adversaire, Ken Pereira, président de la section locale 1981, le premier à s'en être pris à la direction de sa centrale.

C'est Ken Pereira qui a porté plainte à la police pour les dépenses frauduleuses de Jocelyn Dupuis, alors directeur général de la FTQ-Construction.

«Les médias accordent une grande crédibilité à Ken Pereira. Pourtant, il est loin d'être blanc, lance Yves Mercure, président de la FTQ-Construction. Il n'a pas remis depuis plus de deux ans ses états financiers à la Commission de la construction, alors que la loi prévoit que cela doit être fait chaque année. Il aurait prélevé des cotisations syndicales de 100$ par membre qui ne figuraient pas aux états financiers - c'est pourquoi il ne les montre pas. Nous avons suspendu sa section locale tant qu'il ne se conformera pas à la loi», a soutenu M. Mercure, que La Presse a joint hier.

Quant au président de la FTQ, Michel Arsenault, il a répliqué hier aux accusations d'intimidation visant ses représentants, en particulier dans les grands chantiers de la Côte-Nord.

«On n'est pas à Chicago en 1930, les gens au Québec ont le droit de se plaindre. Je ne dis pas qu'il n'y a pas d'anicroches, mais cela a été amélioré de façon substantielle. Je suis président de la FTQ depuis deux ans, jamais un entrepreneur ou un syndiqué de la Côte-Nord ne m'a téléphoné pour se plaindre.»

«La situation dans les chantiers en 2010 n'a rien à voir avec ce que j'ai connu dans les années 70», a-t-il ajouté. Affilié aux métallos, il a lui-même travaillé dans cette région. Les reportages font selon lui uniquement état de rumeurs: «C'est toujours du ouï-dire», martèle Arsenault.

La FTQ a envoyé un cadre cette semaine sur la Côte-Nord voir si les infractions signalées sont réelles. La Commission de la construction a aussi délégué trois inspecteurs. Or, cet organisme chargé de faire enquête sur les excès syndicaux ou patronaux dans les chantiers démontre une proximité étonnante avec la FTQ-Construction. Déjà, La Presse avait révélé l'an dernier que Richard Massé, directeur des enquêtes, est le frère d'Henri, l'ancien patron de la FTQ.

Plus récemment, la direction de la CCQ s'est trouvée dans l'embarras: plus d'une vingtaine de cadres et d'employés ont participé au début du mois de septembre au tournoi de golf organisé par la FTQ-Construction. L'un des invités a révélé à La Presse que tous les dirigeants de la CCQ y étaient: le président, André Ménard, ses vice-présidents et bon nombre de directeurs - «au moins 24 personnes», à un prix d'entrée de près de 200$. M. Ménard n'avait pas caché qu'il jugeait un peu nombreuse la délégation de la CCQ. L'organisme a depuis reconnu l'erreur: «Autant de monde, c'est inacceptable. Les règles seront revues et les participations devront être approuvées par un comité» a préciser hier à La Presse le porte-parole de l'organisme, André Martin.