Pour contrer l'intimidation sur les chantiers de construction, l'État doit retirer le placement des travailleurs aux syndicats et le remettre à un organisme indépendant, estime la présidente de la Confédération des syndicats nationaux, Claudette Carbonneau.

 

«C'est un problème qui est vieux et bien connu, a-t-elle déclaré en marge du conseil confédéral de la CSN, qui s'est ouvert ce matin au Palais des congrès de Montréal. Ce que nous condamnons, c'est que le législateur fasse repose le placement sur les organisations syndicales. Nous suggérons qu'un organisme indépendant, comme la Commission de la construction du Québec, se charge de cette tâche, pour un plus grand respect de la démocratie syndicale.» 

Mme Carbonneau réagissait à un reportage de Radio-Canada faisant état d'un climat d'intimidation et de violence sur des chantiers contrôlés par la Fédération des travailleurs du Québec, plus spécifiquement sur les chantiers d'Hydro-Québec sur la Côte-Nord. La FTQ domine largement la représentation syndicale dans ces chantiers, alors que la CSN ne compte que 15% des travailleurs de la construction dans ses rangs.

 

Depuis des décennies, a plaidé Mme Carbonneau, la CSN propose des «solutions concrètes» pour éliminer les effets pervers de ce quasi-monopole de la FTQ. «Il y a un problème de fond qui vicie le système et cause des perversions inacceptables. Cette intimidation odieuse, c'est triste, c'est dommage, mais il y a un régulateur, et c'est l'État. On peut s'en scandaliser, mais le législateur autorise ces choses. Le gouvernement du Québec doit organiser un débat avec l'ensemble des acteurs concernés pour trouver des mécanismes plus convenables.»

 

La présidente de la CSN a exclu de traiter de cette question avec la FTQ au sein du front commun regroupant quelque 475 000 employés de l'État. «Le front commun n'est pas l'arbitre des conflits syndicaux au Québec», a-t-elle expliqué. Reconnaissant que le milieu de la construction est «peut-être trop fermé sur lui-même», elle a proposé que ce soit le Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, plutôt que la CCQ, qui soit appelée à se pencher sur le problème