Maher Arar et plusieurs des plus ardents détracteurs de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) ont qualifié la décision d'Ottawa de créer un nouvel organisme fédéral qui surveillera le corps policier fédéral d'un pas dans la bonne direction.

Ils estiment cependant qu'il est essentiel que le nouvel organisme détienne le pouvoir nécessaire pour obliger la GRC à lui remettre des documents et pour enquêter sur d'autres agences chargées de l'application de la loi qui interagissent avec elle.

L'intention d'Ottawa de remplacer l'actuelle Commission des plaintes du public contre la GRC a été annoncée dans le budget dévoilé jeudi, qui a prévu 8 millions $ sur deux ans pour la création du nouvel organe.

Peu de détails ont été révélés quant à ce dernier et la porte-parole de la commission existante, Kate McDerby, a affirmé que son personnel n'avait pas été informé des plans du gouvernement.

Le régime actuellement en place a fait l'objet de nombreuses critiques au cours des dernières années pour avoir été incapable d'enquêter sur les activités de la GRC concernant les mesures prises pour contrer le terrorisme ainsi que sur son incapacité à accéder à des informations contenues dans des documents secrets.

Une enquête fédérale menée par le juge Dennis O'Connor au sujet du cas de Maher Arar, cet ingénieur né en Syrie qui avait par la suite été expulsé du Canada et emprisonné dans son pays d'origine, avait réclamé des changements drastiques à la Commission des plaintes du public contre la GRC.

L'homme au coeur de l'enquête, M. Arar, a accueilli l'annonce d'Ottawa de manière mitigée. «C'est une bonne nouvelle si ce qui sera mis en place est exactement ce que le juge O'Connor avait recommandé», a-t-il dit, ajoutant qu'il fallait cependant attendre et voir quel genre de nouvelle commission sera élaborée.

Mais un autre avocat spécialiste des droits humains a quant à lui décrit ce qu'il voulait d'une nouvelle commission. «Elle doit avoir le pouvoir d'enquêter, de compiler des documents et de citer à comparaître des agents de la GRC puisque c'est vraiment ce qui fait défaut actuellement», a dit Paul Champ, qui représente Omar Khadr.

«Lorsqu'un organisme ne dispose pas de ces pouvoirs, c'est facile pour la GRC d'éviter d'être scrutée à la loupe», a ajouté Me Champ.

L'actuelle commission des plaintes a été créée en 1988. Son ancien président, Paul Kennedy, estime qu'elle n'était pas munie des outils nécessaires pour faire face aux défis que posent les menaces actuelles en matière de sécurité.

«Je crois qu'ils reconnaissent qu'elle n'est pas capable de faire ce que le public veut qu'elle fasse», a-t-il expliqué. Pour lui, l'efficacité d'un nouvel organisme dépend de sa capacité à partager des informations avec d'autres agences de surveillance.

Le bureau du ministre de la Sécurité publique, Vic Towes, a précisé vendredi que l'annonce dans le budget ne doit pas être perçue comme une réponse à l'enquête du juge O'Connor.