Des sénateurs libéraux qui siégeaient à un comité maintenant démantelé ont dévoilé une déclaration de principe qui recommande des changements en profondeur pour la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

Le document a été présenté lundi par six libéraux qui siégeaient au Comité permanent de la sécurité nationale et de la défense du Sénat lors de la session parlementaire précédente, alors même que les travaux au Parlement demeurent prorogés.

Le document argue qu'il est bien plus sensé de rebâtir la force policière nationale que de tenter de jeter davantage de personnes dans les prisons du Canada, déjà trop pleines, selon les six sénateurs libéraux.

Les auteurs du document soutiennent que tout criminaliste réputé sait qu'une bonne politique pour la prévention du crime est bien plus efficace que le plan du gouvernement fédéral visant à emprisonner davantage de personnes durant plus longtemps.

Le document reconnaît qu'une réforme de la GRC est sur le point d'être entreprise, mais ces sénateurs libéraux disent avoir peu confiance envers le processus.

Les auteurs avertissent que si cette réforme devait ne pas porter ses fruits, d'autres «histoires d'horreur» sur le déclin de ce qu'ils considèrent comme un trésor national se produiront.

Selon le sénateur Colin Kenny, la transformation de la GRC semble manquer de dynamisme.

«L'une des plus importantes choses faisant défaut, c'est un signal du gouvernement en faveur d'une surveillance, a affirmé au cours d'une entrevue M. Kenny, qui a longtemps présidé le comité de la sécurité nationale et de la défense. Une autre chose qui fait défaut, c'est le financement.»

Scandales, controverses et moralité ont tourmenté la GRC au cours des dernières années. Tout cela a fait l'objet de diverses études et d'enquêtes, mais peu de changements ont été implantés.

La sénatrice conservatrice Pamela Wallin a qualifié la déclaration de principe des libéraux de manoeuvre politique visant à mettre le sénateur Kenny sous les feux de la rampe.

«Je ne comprends pas pourquoi il (le sénateur Kenny) est à ce point critique de la GRC, a-t-elle dit. Il y a beaucoup de problèmes avec ce qu'il affirme.»

«Je ne pense pas que tout cela a été bien réfléchi», a ajouté Mme Wallin, qui siégeait aussi au comité de la sécurité nationale et de la défense.

Le commissaire de la GRC, William Elliott, un ancien fonctionnaire recruté à l'extérieur de la GRC en juillet 2007 avec le mandat de remettre sur pied le corps policier fédéral, a récemment annoncé une série de changements aux politiques internes. Ces modifications concernent notamment l'utilisation du pistolet électrique et le recours à des experts externes pour enquêter sur des incidents graves impliquant des agents de la GRC.

Mais le sénateur Kenny s'est également dit d'avis que le commissaire Elliott devait être remplacé.

«Il est temps pour le commissaire de partir, a-t-il lancé. Le gouvernement a atteint son objectif: il a remué la force policière. L'heure est venue pour un nouveau commissaire.»

Les six sénateurs libéraux pensent que le commissaire Elliott devrait être remplacé par quelqu'un qui était ou qui est un agent de la GRC.

«Cela n'a pas de sens de continuer avec quelqu'un qui n'a pas d'expérience en maintien de l'ordre», a fait valoir le sénateur Kenny.