Dans un geste rarissime, les 18 directeurs de la santé publique du Québec (DSP) font front commun pour contrer le jeu en ligne. En point de presse ce matin, ils ont demandé un moratoire d'un an sur le projet de Loto-Québec, annoncé début février, de mettre en ligne un site de jeu d'ici l'automne 2010.

S'appuyant sur l'exemple de la Colombie-Britannique, où le nombre de joueurs problématiques aurait augmenté de 25% depuis la mise en ligne d'un site, les DSP réclament qu'un comité d'experts soit formé pour anticiper et prévenir les problèmes. Avec la collaboration d'experts de la criminalité pour lutter contre la cybercriminalité associée au jeu en ligne.

Loto-Québec a réagit avant même le point de presse, remettant en question les statistiques sur le nombre de joueurs problématiques en Suède, dévoilées par les DSP. Dans ce pays, il y aussi du jeu en ligne. Des statistiques de l'Institut nationale démontrent que le nombre de joueurs pathologiques a grimpé en flèche avec le jeu en ligne.

Loto-Québec dit regretter le ton trop alarmiste des directeurs de la santé publique. «Quoi que disent les directeurs régionaux de la santé publique, il faut rappeler que les Québécois ont actuellement accès à plus de 2000 sites de jeu en ligne illégaux, non réglementés et dont l'intégrité est souvent douteuse; il s'agit pour Loto-Québec de canaliser cette offre de jeu dans un circuit contrôlé, dans un environnement sécuritaire dont l'intégrité serait irréprochable», affirme Loto-Québec dans son communiqué.

Le ministre des Finances Raymond Bachand, quant à lui, a simplement vu dans la sortie des directeurs de la santé publique l'expression de ceux qui font leur travail, à savoir «amener sur la table des risques au niveau de la santé publique».

Le ministre Bachand a toutefois rappelé qu'à l'heure actuelle, le jeu en ligne existait, augmentait même, et n'était pas contrôlé. Avec Loto-Québec, a-t-il plaidé, ce sera «canalisé et contrôlé» et cela permettra de «déplacer le crime organisé».

Il a aussi rappelé que «moins de 1 pour cent des joueurs» éprouvaient des problèmes de jeu pathologique.

De son côté, l'Association des centres de réadaptation en dépendance du Québec affirme que l'accessibilité plus grande des jeux et l'augmentation du risque de jeu pathologique vont de pair. Sa directrice générale, Lisa Massicotte, souhaite que les milieux d'intervention et de recherche puissent se prononcer sur le projet de Loto-Québec avant qu'il ne prenne forme, et ce dans le cadre d'une consultation publique.

AVEC PC