La Commission des droits de la personne demande à des jeunes et à leurs parents de payer 7000$ en dédommagement à un couple d'origine chinoise de Saint-Sauveur qui aurait été victime d'une agression raciste. Les jeunes auraient frappé l'homme, craché sur sa femme, en plus de leur enjoindre de «retourner dans leur pays».

La décision réjouit les plaignants, qui se demandent toutefois pourquoi il a fallu plus de trois ans à la Commission pour en arriver à cette conclusion.

 

Les faits remontent en effet à l'été 2006. Ping Zeng et Li Qun Ye habitaient depuis trois ans à Saint-Sauveur, où ils tenaient un dépanneur dans la rue Principale. Alors qu'ils promenaient leur chien dans un parc, au mois d'août, une bande de jeunes s'est approchée d'eux.

Pour une raison qui reste nébuleuse, un adolescent aurait alors frappé M. Zeng au visage. Une adolescente et une jeune femme d'âge majeur auraient quant à elles insulté Mme Ye, lui criant «Fuck you Chinese» et «retourne dans ton pays». Elles auraient aussi craché sur la femme. C'est un agent de sécurité, témoin de la scène, qui a éloigné les jeunes.

«Nous étions accablés, a expliqué M. Zeng à La Presse, samedi. Nous ne savions pas quoi faire. Des amis nous ont dit de chercher de l'aide et de demander réparation.»

M. Zeng et sa femme ont donc porté plainte devant la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse quelques jours après, en août 2006. Ils ont réclamé 45 000$ en dommages moraux, 30 000$ en dommages punitifs, ainsi qu'une excuse publique à l'endroit de la famille.

Trois ans et demi plus tard, le 12 janvier dernier, ils ont reçu la résolution de la Commission. Celle-ci propose aux trois jeunes et à leurs parents de payer 7000$ au couple. Les jeunes doivent aussi suivre «une séance de sensibilisation sur la discrimination et ses effets».

Ceux-ci ont jusqu'au 26 février pour accepter le règlement, sinon la Commission entend porter la cause devant le Tribunal des droits de la personne.

«Je suis content de la décision, a dit M. Zeng, qui habite encore à Saint-Sauveur. L'argent ne m'intéresse pas, je voulais simplement que justice soit faite. Par contre ç'a été très, très long...»

Lente, la Commission

Le directeur du Centre de recherche-action sur les relations raciales, Fo Niemi, a représenté le couple devant la Commission. Il déplore lui aussi la lenteur de l'organisme. «On a des cas qui datent de plusieurs années et qui ne sont toujours pas réglés, a-t-il noté. Ça a pour effet de décourager les plaignants.»

Le porte-parole de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, Marc-André Dowd, admet qu'il y a eu un problème d'engorgement en 2005 et 2006, mais assure que la situation s'améliore.

«Je pense qu'il faut mettre l'accent sur l'avenir, a-t-il dit. C'est-à-dire le fait qu'on représente ce couple devant le Tribunal des droits de la personne, qu'on croit qu'il y a eu de la discrimination et qu'on va aller chercher réparation.»