Pierre Vadeboncoeur a été un phare de sa génération, qui a contribué à mouler une nouvelle forme de syndicalisme, plus ouvert sur l'action sociale que le simple renouvellement des conventions collectives.

Président du Conseil de la souveraineté et ancien président de la CSN de 1983 à 1999, Gérald Larose a côtoyé Pierre Vadeboncoeur pendant des années, même si ce dernier avait pris sa retraite de la CSN à l'époque.«Dans la ligne sociale et politique du syndicalisme, Pierre Vadeboncoeur a été un des phares. Il a combattu l'activisme, il a combattu l'affairisme; lui il proposait un syndicalisme autonome, un syndicalisme indépendant, mais un syndicalisme avec un projet de société, un projet qui regardait toute la société. C'est quelqu'un qui ne se gênait pas pour relever les travers du mouvement syndical», a commenté en entrevue M. Larose.

Pierre Vadeboncoeur, en tant qu'intellectuel engagé, a côtoyé les René Lévesque, Jacques Parizeau, Michel Chartrand et Pierre Vallières.

En plus d'être conseiller juridique à la CSN, il a été l'adjoint du président Marcel Pepin.

«Sa contribution a dépassé largement la CSN, a même dépassé largement le mouvement syndical. C'est quelqu'un qui, par ses écrits, a questionné la société québécoise, ses orientations mercantiles ou individualistes, matérialistes. C'est quelqu'un qui avait des idéaux d'une société beaucoup plus conviviale. Et c'était en même temps un esthète, qui savait apprécier et valoriser la place de la culture dans une société, pour le peuple et pour le monde», ajoute M. Larose.

Actuelle présidente de la CSN, Claudette Carbonneau confirme les propos de M. Larose sur l'influence de Pierre Vadeboncoeur.

«Vadeboncoeur a été vraiment un de ceux qui a imprimé la nécessité d'avoir un syndicalisme ouvrier proprement québécois, ça c'est une contribution tout à fait majeure», a opiné Mme Carbonneau.

Son action sur la CSN, qui était à l'époque la CTCC (Confédération des travailleurs catholiques du Canada), a aussi pris une autre forme. «Il a été un acteur déterminant, aussi, des débats qui allaient conduire à la déconfessionnalisation de la CSN et à un virage plus combatif de la centrale», se rappelle Mme Carbonneau.

Il était présent, notamment, lors des célèbres grèves de l'amiante et des chantiers navals Vickers, relève Mme Carbonneau.

Elle aussi croit que Pierre Vadeboncoeur a influencé non seulement la CSN, mais tout le mouvement syndical, voire la société québécoise. «C'était un homme de vision», dit-elle, qui a également été un des précurseurs du mouvement nationaliste québécois à son époque.

Politique

Le chef du Bloc québécois Gilles Duceppe, de son côté, a louangé «ce penseur animé par un puissant esprit de liberté et d'indépendance».

Dans un communiqué, le chef bloquiste, qui a lui aussi déjà travaillé à la CSN, comme conseiller syndical, salue Pierre Vadeboncoeur. «La richesse de sa pensée, la grandeur de son âme et la rigueur de ses positions le placent parmi ces quelques hommes et femmes qui marquent leur société.»

La chef de l'opposition officielle à l'Assemblée nationale, Pauline Marois, a à son tour salué Pierre Vadeboncoeur. «Il aura été un témoin et un acteur des grands événements qui ont bâti le Québec d'aujourd'hui, mettant la table pour la Révolution tranquille et participant à la construire. Avec sa plume inspirée, on peut même dire qu'il aura écrit certaines des pages les plus marquantes de l'histoire du Québec.»

Mme Marois s'attarde sur l'engagement politique de Pierre Vadeboncoeur, y voyant une suite logique à son engagement social. «La conséquence de son choix fut de prendre part, en première ligne, au combat indépendantiste inscrit comme l'aboutissement du parcours historique du peuple québécois.»