La présence d'experts des Services correctionnels du Canada devrait assurer que les détenus remis aux autorités afghanes soient traités avec humanité, a affirmé le commandant en chef des forces de la coalition internationale dans la province de Kandahar.

En entrevue, le brigadier-général Daniel Ménard a également confié que l'interruption des transferts de détenus cette année était due à des questions de «procédure» et non reliés à des cas d'abus.

«Nous avons beaucoup appris du passé», a-t-il assuré.

«Je peux vous garantir que nous avons fait tout le nécessaire pour assurer un (traitement humain).»

Une tempête politique fait rage à Ottawa à la suite de déclarations du diplomate canadien Richard Colvin, qui dit avoir maintes fois alerté le gouvernement que des détenus afghans étaient les cibles d'horribles sévices corporels une fois que les soldats canadiens les avaient livrés aux autorités locales.

De telles rumeurs circulent dans la capitale fédérale depuis 2006 et le gouvernement a modifié son entente de transfert avec les autorités afghanes en 2007. Toutefois, Ottawa a toujours maintenu n'avoir jamais obtenu de preuves tangibles de cas de torture par le passé.

Le général Ménard, qui est en poste depuis un mois, s'est dit confiant que le problème avait été réglé.

Il n'a toutefois pas précisé ce qui se produirait si des représentants canadiens soupçonnaient que des gestes abusifs étaient posés à l'endroit de détenus.

Selon le protocole actuellement en place, le général Ménard est la seule personne dotée des pouvoirs de détention, de libération ou de transfert de présumés insurgés aux autorités afghanes.

Les forces canadiennes peuvent détenir des présumés insurgés pendant une période maximale de 96 heures avant de les libérer ou de les transférer au NDS (Direction nationale de la sécurité de l'Afghanistan) - l'équivalent des services de renseignements.

Ce service s'est forgé une réputation notoire pour ses méthodes coercitives, de nombreux détenus se plaignant d'avoir été battus et reçu des chocs électriques.

Le général Ménard dit détenir une liste de chaque individu sous garde canadienne, et transmet de l'information à Ottawa sur une base quotidienne, surtout s'il existe des motifs valables de garder quelqu'un au-delà de la période maximale de 96 heures.

Des prisonniers requérant des soins médicaux ou des cas nécessitant une quête accrue d'information représentent des exemples de détention pouvant être prolongée.

«Je rapporte tout (à Ottawa) pour m'assurer que tout soit entièrement transparent», a affirmé le général Ménard.

Les experts des Services correctionnels du Canada entrent en action une fois que les détenus ont été transférés au NDS.

«Ils savent exactement quels détenus sont avec nous, et lesquels nous avons remis au NDS», a précisé le général Ménard.

En général, les prisonniers sont transférés à la prison de Marapoza dans la ville de Kandahar, où les représentants des Services correctionnels du Canada, dont quatre travaillent de la base civilo-militaire locale, peuvent entrer en contact avec eux.

Les officiers, dont le travail est former et d'entraîner les surveillants et gardiens, visitent la prison presque tous les jours, a aussi déclaré le général Ménard.

«Nous sommes également en mesure de voir ce qu'il advient de nos (anciens) détenus. Aucune autre nation n'agit ainsi», a-t-il fait remarquer.