La communauté juive hassidique Belz, établie depuis 1930 à Val-Morin, dans les Laurentides, vient de perdre sa colonie de vacances et sa synagogue à la suite d'une vente par le shérif pour non-paiement de taxes municipales. La communauté et la Ville n'ont jamais fait bon ménage.

Le directeur général de la Ville, Pierre Delage, a expliqué, hier, à La Presse que cette communauté n'avait pas payé ses redevances à la municipalité depuis deux ans. «Nous l'avions informée que nous allions prendre un recours judiciaire pour recouvrer les taxes impayées. Nous avons procédé par vente du shérif le 18 novembre, et la municipalité s'est portée acquéreur de trois des quatre propriétés de la congrégation. L'autre est allée à un particulier», a-t-il expliqué.

De nouveaux actifs pour Val-Morin

Val-Morin est maintenant propriétaire de huit bâtiments, de la piscine et d'un vaste terrain vacant contigu à l'école, tout près du parc Legault, en bordure de la rivière du Nord, ainsi que de la synagogue située près du lac Dream, à sept minutes de marche de la colonie de vacances. La congrégation occupe un espace total de 23 608 mètres carrés dont la valeur au rôle d'évaluation est de 831 000 $.

La communauté juive garde l'école et quelques autres bâtiments. Elle a 180 jours pour contester la vente devant les tribunaux. «Nous avions informé la communauté de la journée de la vente et aucun représentant ne s'est présenté. Et nous n'avons eu aucune nouvelle d'eux depuis la vente», a précisé M. Delage.

La somme des taxes en souffrance est de 17 566,12 $. À cette somme, il faut ajouter 16 666,67 $ pour amendes impayées en cour municipale et d'autres frais dont la valeur totale n'est pas encore comptabilisée. La mise à prix par le shérif des propriétés visées par la municipalité était de 207 750 $, ce qui représente environ 25% de la somme inscrite au rôle d'évaluation.

Après avoir remboursé la municipalité et la cour municipale et acquitté divers frais, le shérif va donner la somme restante à la communauté juive.

Durant l'été, les chalets étaient continuellement occupés par des garçons de 6 à 12 ans qui allaient profiter de la période estivale au grand air, tout en allant cependant à l'école. Des résidants se sont souvent plaints du bruit provenant de la colonie de vacances.

Étude en cours

La municipalité n'a pas encore décidé ce qu'elle va faire de ses nouvelles acquisitions. «Nous avons demandé à un consultant de réaliser une étude. Les chalets n'ont pas été construits pour l'hiver. Quant à la piscine, elle est utilisable. Allons-nous démolir tous les chalets et agrandir notre parc ? Avant de prendre une décision, il faut savoir si la communauté va interjeter appel de la vente par le shérif. Il faut aussi donner le temps à ses dirigeants d'aller chercher les objets qui leur appartiennent», a indiqué M. Delage.

Le litige entre la communauté juive hassidique Bels et les autorités de Val-Morin existe depuis des années. Il s'est même retrouvé devant les tribunaux à Saint-Jérôme. En 2008, un juge de la Cour du Québec en est venu à la conclusion, à la suite d'audiences, que la communauté allait garder son école et sa synagogue.

En 2006, les autorités municipales avaient décidé de procéder à une vente par shérif pour non-paiement de taxes, et les dirigeants de la communauté étaient arrivés avec un chèque la journée même de la mise en vente.

Les autorités municipales et des résidants se demandent si, à la suite de cette perte importante, la communauté juive disparaîtra complètement de Val-Morin. «Plusieurs familles d'origine juive possèdent des maisons tout près de la colonie de vacances, a souligné M. Delage. À la suite de sa disparition, mettront-elles leur propriété en vente?»