Un haut gradé de l'armée canadienne qui joue un rôle clé en Afghanistan estime que les Canadiens devraient diminuer leurs attentes vis-à-vis le retrait des troupes planifié pour 2011.

Le brigadier-général Steve Bowes, qui a commencé son mandat d'un an à titre de chef d'état-major adjoint des plans et projets de la Force internationale d'assistance à la sécurité à Kaboul, affirme que la population ne devrait pas avoir de faux espoirs concernant un succès rapide dans ce pays déchiré par la guerre.

Au cours d'une récente entrevue, le brigadier-général a soutenu que l'Afghanistan n'avait pas la capacité de devenir le pays que l'on souhaitait. Selon lui, malgré de bonnes intentions, l'on doit également faire attention à ne pas voir le problème qu'avec des yeux d'Occidentaux.

M. Bowes, qui a quitté le mois dernier la base des Forces canadiennes de Gagetown au Nouveau-Brunswick, passera la prochaine année à Kaboul, où il participera à l'implantation de politiques, de procédures et de plans dictés par le commandant général.

Il a affirmé que la tâche d'établir la paix en Afghanistan sera difficile mais pas impossible. «Cela prend des décennies et des siècles pour que les sociétés se développent», a-t-il ajouté.

Un observateur du conflit s'inquiète, quant à lui, du fait que le public ne comprendra pas la véritable histoire du succès du Canada en Afghanistan et ce, même si les troupes se retirent en 2011.

Le directeur adjoint du Centre Gregg pour l'étude de la guerre et de la société à l'Université du Nouveau-Brunswick, Lee Windsor, croit que le véritable succès de la mission devrait être mesuré en fonction du nombre d'Afghans employés dans l'économie agricole légitime et fonctionnelle.

«Le plus qu'il y a d'Afghans employés dans cette économie agricole légitime, le moins qu'il y aura des gens qui récolteront de l'opium pour le réseau de trafiquants de drogue ou encore, qui seront directement embauchés pour travailler pour les talibans», a expliqué M. Windsor.

Selon lui, les troupes canadiennes ont joué un rôle déterminant dans la reconstruction des routes, des ponceaux et des canaux qui ont permis d'améliorer l'économie afghane. Il croit que les soldats seront en mesure de voir la différence, particulièrement ceux, comme M. Bowe, qui ont été déployé au tout début de la mission et qui sont par la suite revenus en Afghanistan.

M. Windsor affirme qu'avec 60 pays présentement impliqués directement en Afghanistan, le défi de taille demeurera toujours celui d'unir ces forces internationales.

Mais il croit toutefois que la population doit savoir que les efforts canadiens visant à rebâtir l'industrie agricole a permis de fournir des emplois légitimes aux Afghans et a contribué à réduire le nombre d'entre eux recrutés par les talibans.

«C'est un indicateur de succès que l'on oublie et c'est sans aucun doute l'un des plus déterminant», a-t-il conclu.