L'association Vélo-Québec s'est retirée de la Table québécoise de la sécurité routière, présidée par Jean-Marie de Koninck, en réaction à un projet gouvernemental de légiférer pour rendre obligatoire le port du casque protecteur chez les jeunes cyclistes.

Dans une lettre cinglante du directeur général, Jean-François Pronovost, que La Presse a obtenue, l'association affirme que ce projet n'a fait l'objet d'aucun consensus, et qu'il n'y a eu aucune recommandation en ce sens dans le dernier rapport annuel de la Table, qui conseille le gouvernement en matière de sécurité routière.

 

«Nous sommes dorénavant forcés de nous poser de sérieuses questions sur la crédibilité de la Table», écrit M. Pronovost dans une lettre du 21 octobre adressée aux autres membres, qui annonce la «suspension» de sa participation dans l'attente d'une rencontre avec la ministre des Transports du Québec, Mme Julie Boulet.

Créée il y a quatre ans, la Table québécoise de la sécurité routière réunit une vingtaine d'associations professionnelles ou industrielles et des groupes d'usagers de la route. Ses travaux ont ouvert la voie à l'implantation récente de radars photo sur les routes du Québec, et à l'interdiction partielle du téléphone cellulaire au volant.

La question du port obligatoire du casque protecteur pour les cyclistes fait l'objet de nombreuses discussions, à la Table, depuis 2005. Aucune recommandation n'en est toutefois ressortie, selon M. Pronovost.

«Dans ce contexte, a dit hier la PDG de Vélo-Québec, Suzanne Lareau, c'est avec une certaine stupeur qu'on a appris par La Presse que le gouvernement souhaitait rendre obligatoire le port du casque chez les jeunes, jusqu'à 12 ou 14 ans.»

Mme Lareau précise que Vélo-Québec n'est pas contre le port du casque protecteur pour les adultes ou les enfants. Le casque est même recommandé, parce qu'il peut prévenir des traumatismes à la tête en cas de chute. On estime qu'environ 40% des adeptes du vélo portent régulièrement un casque protecteur.

Vélo-Québec est toutefois contre l'obligation du port du casque. «D'abord, dit Mme Lareau, parce que le règlement serait inapplicable. Les policiers n'ont pas le temps de courir après des jeunes qui roulent à vélo sans casque. Ensuite, parce que partout ailleurs où on a imposé cette obligation, la pratique du vélo a diminué, que ce soit pour les enfants ou leurs parents.»

Vélo-Québec préconise plutôt l'implantation de plus de pistes cyclables, la réduction de la vitesse des automobiles, et la correction de l'aménagement des rues et des routes pour que les cyclistes y trouvent leur place.

Jointe par La Presse vendredi, l'attachée de presse de la ministre Boulet, Jolyane Pronovost, a reconnu que si la question du port obligatoire du casque protecteur a bel et bien fait l'objet de discussions au sein du gouvernement, aucun projet n'a encore été soumis à l'attention du Conseil des ministres, qui devra examiner un tel projet.