Gaston* a acheté des billets de loto pendant 35 ans. Même dans les temps durs, il jouait chaque semaine. Jusqu'à ce qu'un jour, il y a six mois, il gagne. «Ses» numéros lui ont valu un chèque de 2 millions au Lotto 6/49.

«J'étais dans le gros trou, dans des eaux très troubles, raconte-t-il. Si je n'avais pas gagné, j'aurais fermé mon commerce ou c'était tout près. Ça me permet de continuer à travailler et de rénover le commerce pour y donner quelques bonnes années de plus.»

Lorsqu'il apprend qu'un gain à la loterie correspond au rêve d'un Québécois sur quatre, Gaston n'est pas surpris. Cependant, même s'il a joué 20$ chaque semaine toute sa vie active (des dépenses totalisant près de 36 400$), il affirme n'avoir jamais fantasmé sur le gros lot.

Il prévient même les Québécois qui y rêvent : «C'est beaucoup d'argent, mais ça reste de l'argent. Ça ne change pas tout.»

«Mon rêve, moi, je l'avais il y a 20 ans, et je l'ai réalisé quand j'ai acheté mon commerce, poursuit-il. Je l'ai concrétisé avec mes mains, pas avec la chance.»

N'empêche, bénéficier soudainement d'une telle somme ouvre la porte à la réalisation de plusieurs projets. À 55 ans, Gaston planifie maintenant travailler plus longtemps, histoire de profiter de la rénovation de sa boutique. Il a aussi acheté une nouvelle voiture. Pour le reste, il ne se gâte qu'avec les intérêts générés par ses placements.

À son grand désarroi, il ne peut acheter son plus grand rêve. «Moi, tout ce que je veux, c'est faire un trou d'un coup au golf ! Et ça, je ne l'ai pas encore!» lance-t-il.

D'après un sondage mené pour Loto-Québec, 75% des Québécois ont joué au moins une fois à la loto au cours de la dernière année. Les produits phares de la société d'État sont le 6/49 et les billets de loterie instantanée.

L'an dernier, Loto-Québec a amassé 1,9 milliard grâce à la loto. Elle a remis un peu plus d'un milliard en gains aux joueurs et 486 millions au gouvernement. Le reste permet de payer la publicité pour les produits, la rétribution des vendeurs de billets et le salaire de son personnel.

Qu'advient-il des gagnants, un an après un gain majeur à la loterie? «On leur donne un document d'information avec des conseils de base, mais on ne les voit que très rapidement, explique Jean-Pierre Roy, porte-parole de Loto-Québec. Dans ces circonstances, on se voit mal les appeler un an après et leur poser des questions sur leur compte en banque. On ne conçoit pas notre rôle comme ça.»

* Nom fictif afin de préserver l'anonymat du gagnant.