L'enquête publique sur la mort de l'immigrant polonais Robert Dziekanski devrait déjà être terminée depuis longtemps, et le rapport relatant ce qui s'est passé au cours de cette nuit d'octobre de 2007, sur le point d'être complété.

Mais l'échéance a volé en éclats il y a trois mois, après qu'un courriel jusqu'à alors inconnu eut amplifié des allégations de camouflage contre les quatre agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) qui ont eu recours à un pistolet électrique contre M. Dziekanski à l'aéroport international de Vancouver.

Les audiences reprendront mardi, alors que témoigneront des hauts gradés de la GRC concernés par ce courriel qui a soulevé des questions quant à savoir si les quatre policiers impliqués dans la mort de Robert Dziekanski s'étaient entendus pour utiliser un pistolet électrique avant même leur arrivée à l'aéroport.

Au cours de leur témoignage, ces quatre agents ont affirmé ne jamais avoir discuté ni de l'utilisation du pistolet électrique ni de tout autre sujet alors qu'ils quittaient leur détachement après le signalement d'un homme lançant des meubles à l'aéroport.

Ces éléments contradictoires, apparus au moment même où les plaidoiries étaient sur le point de débuter, ont incité le commissaire de l'enquête, Thomas Braidwood, à suspendre les audiences et à critiquer la GRC pour ne pas avoir signalé l'existence du courriel plus tôt.

«Nous n'avons jamais eu un accès complet au dossier (...), cela a donc été l'un des problèmes», a affirmé le procureur de l'enquête, Art Vertlieb.

«J'étais mécontent en juin en raison de ce courriel que nous aurions dû avoir, a-t-il ajouté. Le plus important est que nous l'ayons, et nous allons maintenant l'examiner.»

Dans un courriel datant de novembre 2007, le surintendant principal Dick Bent et le commissaire adjoint Al Macintyre ont discuté de stratégie médias en vue du dévoilement d'une vidéo, maintenant notoire, montrant les policiers se servant d'un pistolet électrique à plusieurs reprises contre Robert Dziekanski.

M. Bent y affirme à M. Macintyre que les agents ont décidé en chemin vers l'aéroport qu'ils pourraient avoir recours au pistolet électrique. M. Bent a dit avoir obtenu cette information du surintendant Wayne Rideout, qui était en charge de l'enquête sur la mort de M. Dziekanski.

MM. Bent, Macintyre et Rideout devraient tous témoigner cette semaine.

De leur côté, Bill Bentley, Gerry Rundel, Kwesi Millington et Benjamin Robinson ont déjà témoigné dans le cadre de l'enquête et ne devraient pas comparaître à nouveau.

«Dernièrement, la GRC a produit 18 000 pages de documents, et il n'y figure pas la moindre parcelle de preuve appuyant la déclaration figurant dans le courriel du surintendant principal Bent», a affirmé David Butcher, qui représente le policer Bill Bentley.

Les procureurs de la Couronne ont décidé de ne pas déposer d'accusations contre les quatre agents impliqués dans la mort de l'immigrant polonais.