L'ancien diplomate canadien Robert Fowler croit qu'un membre du gouvernement du Niger, ou possiblement de l'ONU, l'a «vendu» à al-Qaida.

M. Fowler a raconté au téléjournal de CBC, «The National», que quelqu'un l'a «balancé» à ses ravisseurs. Et qu'il avait estimé ses chances de survie à cinq pour cent après avoir appris qu'il était entre les mains d'al-Qaida.

«C'était la fin de mon monde», a-t-il déclaré.

L'envoyé spécial de l'ONU au Niger et son assistant Louis Guay ont passé quatre mois en captivité après avoir été enlevés à la pointe du fusil le 14 décembre dernier alors qu'ils roulaient en automobile, à quelque 40 km au nord-ouest de la capitale, Niamey.

«Ca pourrait être le gouvernement du Niger; ça pourrait être un sympatisant d'al-Qaida au bureau de l'ONU au Niger, ou en Afrique de l'Ouest... ou au quartier général à New York», déclare M. Fowler dans une entrevue télévisée en deux parties, mardi et mercredi soir.

Le gouvernement nigérien et l'ONU étaient les seuls à connaître ses allées et venues, a-t-il ajouté.

M. Fowler a expliqué que le Niger «détestait» sa mission, qui visait à résoudre un conflit entre des rebelles et le gouvernement concernant des redevances sur des ressources naturelles. Les rebelles Touareg revendiquaient des territoires dans le nord du pays qui incluent une mine d'uranium, une des deux mines en opération au Niger.

Le président du Niger, Mamdou Tandja, a semblé «offusqué, ennuyé et embarrassé» par la décision de l'ONU de faire appel à un envoyé spécial pour son pauvre pays, selon les paroles de M. Fowler rapportées sur le site web de CBC.

Le gouvernement nigérien s'était montré peu coopératif à la suite du kidnapping mais a toujours nié toute implication.

On ne sait pas vraiment ce qui a mené les membres de l'aile d'al-Qaida pour l'Afrique du Nord, basée en Algérie, à relâcher leurs otages, mais les premiers rapports laissent croire que ce sont les ravisseurs qui en ont fait la demande.

Ottawa a nié avoir versé une rançon même si un journal algérien a révélé qu'un pays d'Europe a payé huit millions $ pour obtenir la libération de deux touristes européens détenus en compagnie de Fowler et Guay.

Le gouvernement du Mali, où les otages ont été libérés, a pris part aux négociations mais a aussi fait savoir qu'il n'avait pas versé d'argent.

L'enlèvement «réalisé avec efficacité», n'a pris que 45 secondes quand un camion avec des hommes armés de kalashnikovs leur a coupé la route, a relaté M. Fowler à CBC.

Les deux hommes ont ensuite dû rester étendus sous une couverture puante d'huile pour un voyage de 56 heures, sur des routes peu praticables, a poursuivi M. Fowler, qui a eu des vertèbres fracturés.

Les otages ont été détenus par un groupe d'une vingtaine de rebelles, dont un avait aussi peu que sept ans, dans le nord du Mali. Un des rebelles a dit venir du Sénégal et faire partie d'al-Qaida.

M. Fowler a aussi dit avoir été ciblé parce qu'il était de l'ONU et qu'il était probablement le plus haut gradé de l'organisme à avoir été capturé.

Les ravisseurs ont régulièrement montré des DVD illustrant des attaques suicides à la bombe et de la propagande d'al-Qaida.

M. Fowler a représenté le Canada à l'ONU de 1995 en 2000, un record de longévité pour un ambassadeur canadien aux Nations unies.

Il a ensuite été ambassadeur en Italie pendant six ans et il est considéré comme un expert sur l'Afrique.