Les enfants du couple pakistanais soumis à un ordre de déportation devront également retourner dans le pays d'origine de leurs parents même s'ils sont nés au Canada, a tranché lundi un juge de la Cour fédérale.

La famille montréalaise soutenait qu'elle risquait d'être persécutée si elle retournait au Pakistan. Naveed Akram Chaudhary et sa femme, Safia, devaient être déportés le 12 septembre mais ils espéraient que la Cour fédérale décide de protéger leurs trois enfants âgés respectivement de quatre, six et sept ans.

L'avocat de la famille, Stewart Istvanffy, s'est insurgé contre la décision de lundi. Il estime qu'elle viole les droits des enfants.

«Nous avons fortement soulevé la question des droits des enfants et le manque de respect à l'égard de ces droits au Pakistan, comme les problèmes de santé et d'éducation», a affirmé l'avocat, avant de souligner que l'un des enfants avait des besoins particuliers et qu'il nécessitait plus de supervision à l'école.

«Notre preuve reposait en majeur partie sur les meilleurs intérêts des enfants», a-t-il ajouté.

Me Istvanffy plaide que la décision ignore un jugement rendu en 1999 par la Cour suprême qui stipule que dans les cas d'immigration, une attention particulière devrait être portée aux besoins des enfants puisque leurs droits représentent un élément essentiel des valeurs humanitaires canadiennes.

«C'est ce qu'ils ne respectent pas, a-t-il dit. Ils ne respectent pas les droits fondamentaux des familles et ceux des enfants», a ajouté l'avocat.

Le couple, qui fait parti de la minorité des musulmans Shia, soutient qu'il a été menacé par des groupes de fondamentalistes sunnites opérant dans la province de Punjab, au Pakistan. Il blâme également ces militants pour la disparition au Pakistan, en novembre 2006, de leur fils aîné. Il avait 14 ans à l'époque.

Selon le cousin de M. Chaudhary, Azeem Nazir, la famille est terrifiée à l'idée de retourner au Pakistan. «Ils savent que lorsqu'ils seront de retour, ils figureront sur la liste des personnes à éliminer», a affirmé M. Nazir.

«(Safia) dit qu'elle a déjà perdu son fils aîné et qu'elle sait que les trois enfants qu'elle a eues ici subiront le même sort», a-t-il ajouté.

La Cour fédérale a refusé de lever l'ordonnance de déportation des Chaudhary en raison de la révocation de leur statut de réfugié en 2007 sur des bases humanitaires. De plus, la cour a soutenue que l'évaluation des risques encourus par la famille si elle retournait au Pakistan était toujours pertinente.

Le juge Yves de Montigny, écrit dans son jugement que ces risques avaient déjà été considérés et rejetés.

Le juge ajoute que les meilleurs intérêts des enfants ont également déjà été évalués et que les demandeurs n'ont pas soumis de nouvelle preuve qui pourrait renverser la décision rendue précédemment par un agent d'immigration.

Mais Me Istvanffy affirme que ces nouvelles preuves existent. Il cite des rapports médicaux et de la police faisant référence aux menaces qu'a reçues M. Chaudhary avant son arrivée au Canada.

L'avocat affirme que la prochaine étape sera d'interpeller directement le ministre de l'Immigration et celui de la Sécurité publique.

Le couple est arrivé au Canada en 2002.