L'assurance-emploi reste la pomme de discorde majeure entre libéraux et conservateurs, qui après avoir passé l'été à tenter de trouver un terrain de rapprochement sur le dossier du chômage, semblent toujours être prêts à croiser le fer.

Alors que le comité libéral-conservateur sur l'assurance-emploi se réunissait pour une toute dernière fois jeudi à Ottawa, les libéraux ont exprimé leur mécontentement à l'égard des troupes de Stephen Harper.

Selon eux, les conservateurs n'ont avancé aucune suggestion concrète lors des rencontres du comité bipartisan, formé de trois libéraux et de trois conservateurs, et se sont contentés de critiquer les idées de leurs adversaires politiques.

« Depuis neuf semaines, les conservateurs ne font que critiquer la proposition libérale et en donner une fausse impression, mais ils ne présentent pas pour autant de solution», a indiqué dans un communiqué le porte-parole libéral responsable des ressources humaines et du développement des compétences, Mike Savage.

Or, ce n'est pas du tout l'interprétation que fait la ministre des Ressources humaines et du Développement des compétences, Diane Finley, qui est membre de ce comité.

En entrevue téléphonique à l'issue de la rencontre, la ministre Finley a soutenu que les membres conservateurs du comité avaient non seulement émis des propositions, mais qu'elle-même avait «été très encouragée par les progrès réalisés sur ces propositions».

«C'était la meilleure réunion jusqu'à présent», a-t-elle lancé, ajoutant que leur suggestion portait sur les travailleurs plus âgés, mais que le contenu de cette proposition demeurait pour le moment confidentielle.

La ministre a même affirmé qu'une autre rencontre du comité aurait lieu dans un avenir rapproché, ce que n'ont cependant pas confirmé les libéraux.

De passage à Magog, en Estrie, le chef libéral Michael Ignatieff a affirmé que le fossé entre les deux partis demeurait large. Il a ajouté qu'il espérait toujours que le comité parviendrait à un bon résultat pour les Canadiens.

Le coût des 360 heures

Le Parti libéral du Canada (PLC) a d'autre part fait parvenir une lettre au directeur parlementaire du budget, Kevin Page, pour lui demander d'évaluer combien coûterait l'uniformisation du seuil d'admissibilité de l'assurance-emploi à 360 heures travaillées.

Depuis ce printemps, l'accessibilité à l'assurance-emploi est le cheval de bataille des libéraux fédéraux, qui, à l'instar des deux autres partis d'opposition à Ottawa, dénoncent le fait que le nombre d'heures travaillées requis pour toucher aux prestations d'assurance-emploi diffère radicalement d'une région à l'autre au pays.

Les conservateurs estiment que d'abaisser le seuil d'admissibilité pourrait s'élever à pas moins de 4 milliards $ et rejettent l'idée d'une telle réforme. Les libéraux croient pour leur part que la facture serait considérablement moins salée, soit plus ou moins 1 milliard $.

Le PLC veut confier la tâche délicate de déterminer le coût exact de la mesure à Kevin Page, en lui demandant de rendre son analyse avant la fin du mois d'août.

«Il nous a informé que ça lui prendrait environ deux semaines (...).

ECa va dépendre de quand le ministère va lui donner les chiffres avec lesquels eux travaillent», a souligné la députée libérale Marlene Jennings en entrevue téléphonique.

La ministre Finley s'est néanmoins montrée inflexible à une l'idée d'harmoniser les seuils d'admissibilité et qualifié la demande libérale à M. Page de perte de temps.

Le comité bipartisan a été mis sur pied en juin, à la demande du chef libéral, Michel Ignatieff, et lui a été accordé en échange de son vote sur les crédits budgétaires en juin, ce qui a permis aux Canadiens d'éviter des élections estivales.

Il doit faire rapport aux citoyens de ses décisions avant le 28 septembre, date à laquelle les conservateurs doivent par ailleurs déposer un troisième rapport d'étape, qui sera suivi par une journée d'opposition libérale.

Les regards seront à ce moment tous tournés vers les troupes libérales, qui pourraient alors tenter de défaire le gouvernement conservateur, s'ils obtiennent l'appui des bloquistes et néo-démocrates. Cela pourrait envoyer les Canadiens aux urnes au début du mois de novembre.