Quelques jours après avoir vraisemblablement manqué à son devoir de bilinguisme, le transporteur ferroviaire VIA Rail a été rappelé à l'ordre, hier, par l'ensemble des partis de l'opposition à Ottawa.

Dimanche en soirée, un début d'incendie dans un train qui reliait Toronto et Ottawa a forcé l'évacuation de 323 passagers, qui ont dû attendre à l'extérieur et marcher 2 km pour rejoindre des autocars qui les ont finalement menés à destination.

 

Dès le lendemain, des passagers ont critiqué le fait que les consignes d'urgence étaient données en anglais. Une porte-parole avait alors argué que le manquement était dû au fait qu'il s'agissait d'une liaison qui ne passait pas par le Québec. Mardi, une plainte a été déposée au Commissariat aux langues officielles, qui étudie actuellement le dossier afin de décider s'il enquêtera sur l'incident.

«C'est inacceptable et incompréhensible, a estimé le critique libéral en matière de langues officielles, Pablo Rodriguez. VIA Rail a le devoir et l'obligation de servir ses passagers dans les deux langues officielles.»

Pour le député acadien du NPD Yvon Godin, l'incident est «insultant» pour tous les francophones hors Québec.

«La loi sur les langues officielles est pour tout le Canada. Transports Canada ne fait pas de suivi dans ses dossiers, car c'est déjà arrivé par le passé, avec Air Canada notamment», a souligné M. Godin. Ce dernier entend convoquer la société d'État devant le comité permanent des langues officielles à la Chambre des communes dès la rentrée parlementaire, en septembre.

Le Bloc québécois somme quant à lui le ministre du Patrimoine, James Moore, responsable des langues officielles, d'intervenir auprès de la société d'État.

«Le ministre Moore a l'obligation de rappeler à l'ordre VIA Rail», a estimé le député bloquiste de Gatineau, Richard Nadeau. Franco-Ontarien natif de Hawkesbury, M. Nadeau juge qu'il s'agit d'un nouveau «recul du fait français».

Au bureau de M. Moore, on rétorque que c'est à VIA Rail de répondre de ses actes, et non au ministre qui «ne s'engage pas dans les affaires des sociétés d'État».

«On est désolés de la situation et on va tout faire pour que ça ne se reproduise plus», a souligné une porte-parole de VIA Rail, Julie Durocher. La société d'État a ouvert une enquête interne sur les incidents de dimanche dernier.