Le passeport de la Torontoise retenue au Kenya pendant plusieurs mois fait désormais l'objet d'un litige entre le gouvernement fédéral et l'avocat représentant Suaad Hagi Mohamud.

Raoul Boulakia demande au gouvernement canadien de lui rendre immédiatement son passeport et ses documents d'immigration. Mais Ottawa demeure vague au sujet de l'endroit où se trouverait la pièce d'identité cruciale.

L'avocat canadien affirme que le gouvernement essaie de prétendre que son cas était particulièrement complexe.

Suaad Hagi Mohamud avait été retenue à Nairobi pendant près de trois mois après que les autorités eurent jugé que ses lèvres ne concordaient pas avec sa photo de passeport datant de quatre ans. Elle s'est alors retournée vers les agents consulaires canadiens pour demander de l'aide. Ces derniers ont plutôt mis en doute sa citoyenneté, annulé son passeport et remis son cas aux mains des autorités kényanes.

Mme Mohamud a finalement pu rentrer au Canada samedi après que son identité ait été confirmée par des tests d'ADN.

Me Boulakia veut voir le passeport afin de vérifier si le consulat canadien était justifié de soupçonner Mme Mohamud d'être un «imposteur», et ainsi douter de sa citoyenne canadienne.

Le passeport avait été remis aux autorités de la justice kényanes mais selon l'avocat, il devrait être de retour en mains canadiennes.

Le ministère des Affaires étrangères du Canada a refusé de répondre aux questions sur le sujet et a plutôt renvoyé la balle à Passeport Canada. Son porte-parole, Sébastien Bois, a indiqué que tout citoyen qui se voit saisir son passeport par les autorités dans le cadre de procédures judiciaires doit faire une demande pour en obtenir pour un nouveau.

M. Bois, qui n'a pas voulu commenter le cas de la Torontoise, a cependant affirmé que lorsque Passeport Canada est avisé qu'un passeport est hors de son contrôle, il est immédiatement annulé. Dans de tels cas, les passeports sont éventuellement retournés à Passeport Canada ou au bureau gouvernemental le plus proche.

«Les requérants n'ont pas l'option de se voir retourner leur passeport», a précisé M. Bois, ajoutant que les passeports canadiens demeuraient en tout temps la propriété du gouvernement canadien.

L'Agence des services frontaliers du Canada enquête présentement sur la gestion du cas de Mme Mohamud. La porte-parole, Patrizia Giolti, a affirmé que les détails de l'enquête ne pouvaient pas être rendus publics pour l'instant.

Selon l'avocat, des juges devront se prononcer sur la manière dont le gouvernement s'est comporté avec sa cliente. La procédure judiciaire devrait avoir lieu en septembre.

Me Boulakia a indiqué que s'il souhaite voir sa cliente recevoir une compensation pour une épreuve qui a duré 86 jours, une poursuite pourrait n'être intentée qu'en dernier ressort.

Suaad Hagi Mohamud, âgée de 31 ans, est actuellement soignée pour une maladie respiratoire contractée lorsqu'elle était prisonnière au Kenya. Son avocat a indiqué qu'elle était extrêmement soulagée d'être de retour au Canada avec son fils.

«Elle traverse beaucoup d'épreuves en ce moment», a-t-il ajouté.