Les forces aériennes canadiennes ont envoyé un avion de surveillance pour garder l'oeil sur deux sous-marins russes naviguant le long de la côte est, un genre de patrouille qui nous ramène à l'époque de la Guerre froide.

Les sous-marins nucléaires ont d'abord été aperçus dans les eaux internationales au large de la Géorgie le 5 août. Leur présence a fait sourciller mais n'a pas entraîné de riposte de la part des Etats-Unis et du Canada.

Des sources du ministère de la Défense disent croire que les sous-marins se sont depuis dirigés vers le nord et demeurent à l'extérieur des limites territoriales du Canada et des Etats-Unis, qui sont fixées à 12 milles marins des côtes.

On ne savait pas encore mardi si le Canada avait pris l'initiative d'envoyer un Aurora CP-140 pour tenter de localiser les sous-marins ou si la commande venait des autorités américaines.

Un porte-parole de Commandement Canada, l'organisation responsable des opérations de routine et de contingence au Canada et en Amérique du Nord continentale, a minimisé l'importance de cette mission de surveillance et a refusé de donner des détails, se limitant à dire qu'il s'agissait d'une opération de routine.

«Nous ne donnons pas d'informations sur les activités en cours, surtout s'il s'agit d'un vol de surveillance», a déclaré le lieutenant Noel Paine. «Nous ne parlons pas des navires qui attirent notre attention - ni des régions que peuvent survoler nos avions.»

Ces bâtiments de guerre surgissent au moment où la marine se prépare à des exercices anti-sous-marins dans l'Arctique plus tard en août.

Cette «visite» arrive aussi juste quelques jours après que le ministre de la Défense, Peter MacKay, eut critiqué Moscou pour son intention de parachuter des troupes au pôle Nord cet été.

Les officiels américains ont indiqué que Moscou ne les a pas avisés de cette présence des sous-marins, la première du genre depuis la fin de la Guerre froide.

Il s'agit d'un autre signal de l'intensification des activités militaires russes, à la suite de plusieurs vols qui se sont approchés des frontières canadiennes dans l'Arctique - sans pour autant les franchir.

En février dernier, des avions de combat canadiens ont décollé sur alerte pour intercepter un bombardier russe qui s'approchait moins de 24 heures avant la visite du président Obama à Ottawa.

Comme dans les autres cas, cet avion n'a pas pénétré l'espace aérien canadien, mais les deux CF-18 avaient comme mandat de le forcer à faire demi-tour.

L'Arctique, avec toutes ses ressources naturelles et ses frontières encore mal définies, est devenu une région de convoitise et de forte compétition entre le Canada, la Russie, les Etats-Unis, le Danemark et d'autres pays.

Le Kremlin a causé tout un émoi cette année en déclarant qu'il créait une force militaire spéciale pour protéger ses intérêts dans le pétrole et le gaz naturel de l'Arctique - un projet qui, selon l'ambassadeur russe Georgyi Mamedov, a été tiré de son contexte par les gouvernements occidentaux.

L'an dernier, la marine russe a procédé à un exercice avec le Venezuela dans les eaux des Caraïbes, qui constituait le premier déploiement de vaisseaux russes dans l'hémisphère ouest depuis la Guerre froide.