Des entreprises touristiques n'attribuent plus seulement à la météo la baisse d'achalandage qu'elles subissent depuis le début de l'été: elles montrent aussi du doigt les météorologues, dont elles dénoncent les prévisions trop «alarmistes».

Christian Dufour sait fort bien que les météorologues ne font pas la pluie et le beau temps, qu'ils ne font que l'annoncer. Seulement, le directeur de l'expérience client à Mont Saint-Sauveur et à Mont-Avila constate que sa clientèle fond comme neige au soleil chaque fois que les bulletins prévoient de la pluie. Et ce, même s'il ne pleut pas.

«Une journée où ils annoncent des averses et qu'il fait soleil, les gens se sont déjà mis dans la tête qu'il allait pleuvoir, dit-il. On perd beaucoup de clientèle en raison de prévisions qui sont souvent imprécises.»

Le mois dernier, M. Dufour a compté quatre journées consécutives où les bulletins météo prévoyaient des averses, et durant lesquelles le parc aquatique de Mont Saint-Sauveur n'a pas reçu une goutte de pluie. Il calcule que ces prévisions erronées ont coûté une fortune à son établissement.

«Une journée comme celle-là, on perd au moins 1000 visiteurs, a-t-il déploré. Les gens se réveillent, ils apprennent que le temps est incertain, alors ils décident d'annuler leur sortie.»

Le Mont Saint-Sauveur n'est pas seul à grogner. Le parc aquatique de Bromont et le Village Vacances Valcartier se disent aussi pénalisés par des prévisions météo trop pessimistes. Si bien que ces entreprises, avec la Société des attractions touristiques du Québec (SATQ), ont entrepris l'an dernier des démarches pour inciter les diffuseurs à être moins «alarmistes».

«Le gros problème, c'est l'imprécision des prévisions météorologiques, constate Pierre-Paul Leduc, directeur de la SATQ. Bien souvent, ce qui est annoncé par la météo, ce n'est pas vraiment ce qu'on a.»

Or, poursuit-il, les Québécois sont très sensibles aux prédictions des météorologues. Plusieurs choisiront d'annuler une sortie à l'extérieur s'ils aperçoivent un pictogramme montrant un nuage gris à la télévision.

«Ça influence beaucoup leur comportement, affirme M. Leduc. On se rend compte que les stationnements des parcs aquatiques sont vides même si la météo est beaucoup plus belle que ce qui était annoncé.»

«On ne veut pas faire croire aux gens qu'il fait beau alors qu'il pleut à boire debout, renchérit Christian Dufour. Mais au moins, s'ils n'annoncent que 40% de probabilités d'averses, ils devraient plutôt annoncer qu'il y a 60% de chances qu'il ne pleuvra pas.»

Tirer sur le messager?

Après un mois de juillet exécrable, pendant lequel Montréal a établi un record pour le plus bas nombre d'heures d'ensoleillement, les entreprises ont toutes les raisons de râler contre la météo. Mais tirent-elles sur le messager en montrant du doigt les météorologues?

Le chef du service des opérations météo au réseau MétéoMédia, Martin Bélanger, concède que les prévisions sont beaucoup plus difficiles à établir en été.

«Dans le cas des précipitations de neige, on a affaire à des zones de précipitations élargies, a-t-il indiqué. C'est plus facile de faire le suivi. En été, la nature des précipitations est différente. Au lieu d'avoir des bandes de précipitations très vastes, on a des cellules d'averses et des orages isolés.»

C'est pourquoi M. Bélanger suggère aux vacanciers de consulter les sites et bulletins météo aussi souvent que possible pour connaître les prévisions les plus récentes, donc les plus précises. Les météorologues, ajoute-t-il, ne font qu'annoncer le fruit de leurs calculs.

«Notre travail, c'est d'informer la population, a souligné M. Bélanger. On laisse aux gens le soin de choisir leurs activités.»