Si un autre référendum sur la souveraineté avait lieu au Québec, le gouvernement des États-Unis devrait rester neutre, croient 68% des répondants américains à un sondage Angus Reid réalisé en juin.

«Et c'est exactement ce que souhaitait le Parti québécois lors du référendum de 1995: que le gouvernement reste neutre», dit Guy Lachapelle, professeur de science politique à l'Université Concordia.

 

À l'époque, Bill Clinton s'était très peu avancé. Invité aux Communes, il avait parlé d'un Canada «fort et uni» et de la belle relation commerciale entre les États-Unis et le Canada, refusant catégoriquement de s'engager davantage et d'évoquer l'hypothétique séparation du Québec.

Quand on soumet par ailleurs aux Américains qu'il y a au Québec des lois sur l'affichage et quand on leur demande ce qu'ils penseraient du fait qu'on en vote, dans leur propre État, pas moins de 67% des répondants s'y montrent favorables.

Facile à dire quand on n'est pas concerné? Guy Lachapelle, secrétaire général de l'Association internationale de science politique, observe que «pas moins de 26 États ont voté jusqu'ici des lois linguistiques».

Vrai, la montée de l'espagnol fait peur, relève pour sa part Charles-Philippe David, coprésident de l'Observatoire sur les États-Unis de la chaire Raoul-Dandurand. «À mon avis, on est d'ailleurs au plus fort de cette inquiétude, inquiétude que Barack Obama saura sûrement calmer si l'on se fie déjà au rapprochement entre les démocrates et les hispaniques. Dans cinq ou dix ans, j'ai l'impression que les Américains seront plus inclusifs, moins inquiets d'un point de vue identitaire.»

Pour l'heure, pour 64% des répondants, pas question que l'espagnol devienne la deuxième langue officielle des États-Unis. Même la pertinence de l'enseigner à l'école est matière à débat: 50% des répondants n'y sont pas favorables.

Charles Doran, directeur du Centre d'études canadiennes à la Johns Hopkins University, à Washington, croit que tout parallèle entre le français au Québec et l'espagnol aux États-Unis est très hasardeux. «Les deux situations ne se comparent pas. Au Canada, le français est la langue de l'un des deux peuples fondateurs. Aux États-Unis, l'espagnol est au contraire le fait d'une immigration encore très récente.»