Exilé au Soudan depuis six ans, le Montréalais Abousfian Abdelrazik est rentré au Canada samedi. L'homme, qui a de la famille à Montréal, a été arrêté alors qu'il rendait visite à sa mère malade au Soudan en 2003, mais aucune accusation n'a été portée contre lui.

Il est arrivé à l'aéroport international Pearson de Toronto, samedi après-midi. Il devait se rendre par la suite à Montréal, où il prévoyait prendre part à une marche nocturne avec les gens qui l'ont soutenu.

«Je suis très content de revenir à la maison», a dit simplement M. Abdelrazik à sa sortie de l'avion.

Il a remercié tous ceux qui l'ont soutenu dans cette épreuve.

«C'est grâce à vous si je suis ici aujourd'hui. Je suis fier d'être un citoyen de cette nation», a-t-il lancé.

L'avocate Audrey Brousseau a affirmé qu'Abousfian Abdelrazik allait passer les prochaines semaines à relaxer en compagnie de sa famille et à se réacclimater à la vie au Canada.

Me Brousseau n'a pas pu dire ce qui se profilait au plan judiciaire.

Abousfian Abdelrazik a dit que des agents du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) et du FBI l'avaient interrogé sur ses liens terroristes allégués et a aussi soutenu avoir été torturé.

Le gouvernement canadien a indiqué ne rien savoir de prétendus cas de torture.

Les autorités soudanaises ont éventuellement relâché M. Abdelrazik, et la GRC a dit ne pas avoir d'information liant le Canadien à des activités criminelles.

Une injonction de la Cour fédérale a ordonné son rapatriement au pays, la semaine dernière.

La Cour a jugé que le gouvernement canadien violait les droits constitutionnels d'Abousfian Abdelrazik en refusant de lui accorder un passeport d'urgence et a ordonné qu'il soit ramené au pays en moins de 30 jours.

Le passeport du Montréalais était expiré, ce qui l'empêchait de quitter le Soudan.

M. Abdelrazik vivait depuis de nombreux mois à l'ambassade du Canada à Khartoum. Le gouvernement canadien refusait de l'aider parce que son nom figurait sur une liste de terroristes potentiels de l'Organisation des Nations unies.

Son avocat, Yavar Hameed, a pris l'avion mercredi pour ramener son client à la maison.

Un document récemment publié sur le site Internet de la liste noire de terroristes du Conseil de sécurité des Nations unies soutient qu'Abousfian Abdelrazik a été lié de près à la direction du réseau al-Qaïda.

Le document allègue que le Canadien a des liens étroits avec un ancien lieutenant d'Oussama ben Laden, qui a recruté des militants et orchestré le réseau de camps d'entraînement en Afghanistan.

Il est aussi allégué qu'Abousfian Abdelrazik s'est entraîné dans un camp paramilitaire en Afghanistan avec d'autres activistes d'al-Qaïda, et a fourni un soutien administratif et logistique au réseau terroriste. (Abdelrazik) était un membre d'une cellule de Montréal, soutient-on.

Abousfian Abdelrazik avait été ajouté à la liste des Nations unies à l'été 2006 après que les Etats-Unis l'aient présenté comme un partisan d'al-Qaïda. La Cour fédérale n'a pas entendu d'éléments de preuve accréditant cette accusation.