Réunis dans la Vieille Capitale pour la remise de l'Ordre national du Québec, les deux plus importants patrons de presse québécois voient encore un avenir pour les journaux, et ce, malgré la récession qui frappe les médias de plein fouet.

«Il s'agit pour eux de s'adapter aux nouvelles réalités», a toutefois déclaré le président du conseil d'administration de La Presse, André Desmarais, en marge de la cérémonie durant laquelle le premier ministre Charest l'a promu, avec son frère, Paul, jr, au rang d'officier.

Pour André Desmarais, les journaux qui sauront s'adapter aux nouvelles réalités économiques (la récession) et technologiques (l'Internet) s'en sortiront le mieux. «Ceux qui n'ont pu s'adapter auront énormément de problèmes», observe-t-il. Selon lui, la constitution de grands groupes de presse au Québec, comme Gesca ou Quebecor, ne met pas les journaux à l'abri des problèmes que connaissent les quotidiens américains. «Les revenus chutent de manière importante. À l'intérieur d'une entreprise, il faut toujours avoir un avenir, il faut pouvoir se financer. Une société qui doit faire face à une chute de ses revenus doit se mettre en position pour améliorer ses perspectives», observe-t-il, en faisant allusion aux changements annoncés cette semaine à La Presse.

Il faut selon lui «trouver une structure qui permette de continuer. Il n'y a pas de raison qui ferait que cela ne fonctionne pas, en autant que la structure des coûts corresponde aux revenus que le journal peut attirer. Je crois donc qu'il y a un avenir pour l'imprimé. Je l'espère, du moins», a-t-il laissé tomber.

Pierre Karl Péladeau, PDG de Quebecor, se trouvait aussi au Salon rouge de l'Assemblée nationale. M. Péladeau convient que les journaux passent «un mauvais moment», mais il demeure optimiste: «Il y a un avenir pour le journalisme, pour l'expertise de recueillir l'information, pour informer la collectivité. Il va peut-être y avoir pour de nombreuses années un support écrit (imprimé), mais ce sera en déclin. Ceux qui vont prendre de la croissance vont le faire avec l'Internet. Même à la maison, on pourra éventuellement lire le journal sur notre écran tactile», observe M. Péladeau.

Selon lui, le défi des grands journaux consiste à faire passer le contenu sur d'autres supports que le papier, un «support historique», souligne le patron de Quebecor.

Avec la collaboration de Tommy Chouinard