La mère de Kevin, un bébé de 5 mois, est toxicomane. À 19 ans, elle vit avec son frère de 21 ans, aussi toxicomane, chez leur mère «hystérique». Malgré cette situation familiale difficile, le bébé ne présente pas, pour l'instant, de retard de développement. Diagnostic de la DPJ: «risque sérieux de négligence».

Avant l'entrée en vigueur de la nouvelle loi sur la protection de la jeunesse, en 2007, Kevin aurait passé entre les mailles du filet. Pour intervenir, la DPJ n'aurait pas pu se contenter de «risque de négligence». Il aurait fallu attendre que le mal soit fait.

Aujourd'hui, c'est différent. Le signalement de Kevin à la DPJ a été retenu. Son cas a été présenté au moment du bilan annuel des directeurs de la protection de la jeunesse du Québec, hier, à Laval.

«Avant, on intervenait quand il y avait une fracture. Aujourd'hui, on peut intervenir lorsqu'il y a une entorse», a résumé Denise Langevin, porte-parole du bilan et directrice protection du Centre jeunesse Côte-Nord.

Une intervenante de la DPJ, accompagnée d'une infirmière du CSSS, ont examiné Kevin ainsi que le contexte familial. La jeune mère, qui a laissé l'école à 13 ans, ne reçoit aucune aide, a constaté la DPJ. L'aide du CSSS et d'un centre spécialisé dans le traitement de la toxicomanie lui a été offerte.

Évolution

À l'heure actuelle, pendant que la jeune mère se reprend en main, Kevin est hébergé temporairement en famille d'accueil. La DPJ s'assure que la mère continue de voir son enfant. L'intervention faite auprès de Kevin reflète l'évolution de la DPJ. «L'évolution des connaissances nous a amenés à changer de façon importante nos pratiques», a indiqué Mme Langevin, hier. La Loi sur la protection de la jeunesse est née il y a 30 ans, puis modifiée en juillet 2007.

Avec cette nouvelle loi, les problématiques des enfants sont mieux ciblées, selon la DPJ. La notion de «risques sérieux» de négligence, de sévices physiques et d'agression sexuelle est apparue. La DPJ veut éviter que les enfants soient ballottés d'un foyer à un autre. Ainsi, il y a 30 ans, quelque 30 000 enfants signalés ont été retirés de leur famille. Cette année, malgré plus du double de signalements (68 646), seulement 11 500 enfants ont été placés, fait valoir la DPJ.

«On privilégie la stabilité des soins, l'intervention précoce et intensive chez l'enfant et une implication active des parents», a expliqué Mme Langevin. Dans le cas de Kevin, cela signifie grandir auprès de sa mère si c'est possible. Sans entorse ni fracture.