Omar Khadr, 22 ans, dernier citoyen occidental détenu à Guantanamo, a demandé lundi à un juge militaire le droit de se séparer de ses avocats militaires, à qui il affirme ne «plus faire confiance» en raison de dissensions entre eux ces derniers mois.

Le juge militaire Patrick Parrish a accédé à sa demande et programmé une nouvelle audience pour le 13 juillet, malgré la demande de gel des travaux des tribunaux d'exception pour quatre mois supplémentaires déposée vendredi par l'administration américaine.

«Depuis quatre mois, il y a eu un conflit entre mes avocats, je ne peux pas leur faire confiance, je veux me séparer de toute l'équipe», a déclaré le jeune homme de nationalité canadienne, inculpé du meurtre d'un officier américain en Afghanistan en 2002, alors qu'il n'avait que 15 ans.

Alors qu'au moins deux des onze juges saisis ont déjà accepté la prolongation pour quatre mois supplémentaires de la suspension des activités judiciaires à Guantanamo demandée par Barack Obama au soir de son investiture le 20 janvier, le juge Parrish a organisé lundi une audience pour prendre une décision quant à la défense d'Omar Khadr.

Il a décidé qu'un des avocats militaires du jeune homme serait maintenu pour «ne pas le laisser sans représentation» en attendant qu'un nouveau conseil lui soit assigné.

A la demande de l'accusé, c'est l'avocat qui conduisait l'équipe de défense jusqu'à il y a quelques mois, William Kuebler, qui restera en place jusqu'au 13 juillet. M. Kuebler est un avocat très médiatique qui n'a jamais mâché ses mots pour protester contre l'inculpation d'Omar Khadr, l'attitude du Canada qui ne demande pas son extradition ou contre le principe des tribunaux d'exception.

«Apparemment, il va y avoir des changements dans le choix des avocats», a expliqué le juge, en référence aux nouvelles règles pour les tribunaux d'exception annoncées par Barack Obama en mai. Les accusés auraient en effet davantage de latitude pour désigner leurs avocats.

L'organisation de cette audience sur la base navale de Guantanamo (Cuba) en plein gel des activités des tribunaux d'exception tels qu'ils fonctionnaient sous la présidence de George W. Bush, a nécessité pour le Pentagone le transport des avocats, journalistes et membres d'ONG.

L'administration Obama a demandé vendredi à chacun des juges militaires de prolonger le gel des activités jusqu'en septembre afin que l'administration puisse «mener à bien» le réexamen des dossiers de chaque détenu actuellement en cours et «déterminer quel tribunal sera le plus à même de les juger», a expliqué à la presse John Murphy, qui dirige l'équipe de procureurs.

Selon lui, environ 65 des 240 détenus actuels de Guantanamo devraient être à terme traduits en justice. Jusqu'à présent trois ont été jugés par un tribunal d'exception et, selon le Pentagone, onze ont été renvoyés devant un tribunal, quatre simplement inculpés.