Quatre nouvelles prisons seront construites d'ici cinq ans pour tenter de régler le problème toujours plus grave de surpopulation carcérale au Québec. Mais pour ceux qui côtoient les détenus au quotidien, la solution n'est pas dans le béton.

Les prisons seront construites à Amos, à Sept-Îles, à Roberval et en Montérégie, au coût d'un demi-milliard de dollars. Elles procureront 400 places supplémentaires.

 

«Ces prisons, on va finir par les remplir, et il y aura encore un problème de surpopulation», prédit Suzanne Gravel, coordonnatrice du Groupe de défense des droits des détenus de Québec.

Même si le taux de criminalité diminue au Québec, la population carcérale augmente sans cesse. Ce paradoxe s'explique en partie par les frappes policières contre la mafia, les motards et les gangs de rue, mais surtout par le meurtre du jeune Alexandre Livernoche par Mario Bastien, au moment où ce dernier bénéficiait d'une absence temporaire de prison.

«Avant cette affaire, on utilisait les absences temporaires pour gérer la surpopulation, explique Stéphane Lemaire, président du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec. On laissait sortir les détenus n'importe comment, sans supervision. Depuis, ce n'est plus aussi facile.»

Personne n'est contre le fait que les criminels purgent leur peine, dit Mme Gravel. Sauf qu'il ne s'agit pas seulement d'emprisonner les gens. «On peut se péter les bretelles en se disant que les détenus purgent leur peine, mais c'est se mettre la tête dans le sable. Il faut travailler à la source du problème.»

Éteindre des feux

Or, les programmes de réinsertion sociale sont négligés, interrompus ou abandonnés, justement en raison de la surpopulation carcérale. «Dans les prisons, les locaux qui servaient à la réhabilitation ont été transformés en dortoirs. Les agents sont comme des pompiers. Ils éteignent des feux. C'est tout ce qu'ils font.»

Dans son dernier rapport, publié mardi, la protectrice du citoyen, Raymonde Saint-Germain, déplore que le gouvernement tarde à se doter d'un plan pour la création de services de réinsertion sociale. Elle s'étonne du fait qu'il n'a même pas d'inventaire des programmes déjà offerts dans les prisons.

C'est pourtant la sécurité de la population qui est en jeu, souligne Mme Gravel. Sans réhabilitation, le risque de récidive est plus grand. «Bien des détenus finissent par sortir sans avoir entrepris la moindre thérapie. Si on refuse de les libérer avant la fin de leur peine parce qu'on les juge trop dangereux, sachez que, quatre mois plus tard, ils vont sortir quand même. Et le travail n'aura pas été fait.»