Le ministre des Transports, John Baird, a mandaté les fonctionnaires de son ministère pour réexaminer la demande des principaux acteurs de l'industrie aéronautique de la région de Montréal de rouvrir la tour de contrôle à l'aéroport Mirabel pour des raisons de sécurité.

L'aéroport Mirabel s'est vu retirer sa tour de contrôle le 20 novembre dernier par la société Nav Canada qui juge le trafic aérien insuffisant pour justifier une telle tour. En lieu et place, Nav Canada a instauré une station d'information de vol sur place (Flight Service Station en anglais, ou FSS).

 

Le nombre de vols par année a diminué de manière marquée depuis que tous les vols internationaux ont été transférés de l'aéroport Mirabel à l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau de Dorval. Nav Canada fixe à environ 60 000 vols par année (et non 20 000 comme il était rapporté hier) pour justifier une tour de contrôle dans un aéroport. Or, à Mirabel, le nombre de vols s'élève à quelque 26 000 (et non 15 000).

Mais les géants de l'aéronautique - Bell Helicopter, Bombardier, Pratt&Whitney, L-3 Communications - estiment qu'une tour de contrôle est nécessaire pour assurer non seulement la sécurité des utilisateurs de cet aéroport, mais pour maintenir l'attrait de ces installations auprès des investisseurs de l'industrie.

Un proche collaborateur du ministre Baird, Chris Day, a indiqué hier que le ministère des Transports étudie cette requête.

«La sécurité du système de transport aérien canadien est importante pour notre gouvernement. En 2007, Nav Canada a entrepris une analyse des services à Mirabel et a déterminé que les changements n'auraient pas d'effet négatif sur la sécurité. Cela dit, le ministre Baird est au courant de la situation à Mirabel, et a demandé aux fonctionnaires de réexaminer le dossier ainsi que de rencontrer les intervenants clés de la région de Mirabel vendredi matin», a précisé M. Day.

Appui de l'opposition

Le Parti libéral et le Bloc québécois ont fait savoir hier qu'ils appuient sans réserve la demande de l'industrie aéronautique. Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a affirmé que le gouvernement fédéral doit accorder à l'aéroport de Mirabel un statut particulier en raison de son utilisation par les constructeurs de l'industrie aéronautique.

Ces constructeurs utilisent la piste de l'aéroport de Mirabel notamment pour tester leurs produits et ils doivent le faire tout en respectant les besoins des autres utilisateurs de la piste: des avions-cargos, des écoles de pilotage, des pilotes de CF-18 des Forces armées canadiennes, entre autres.

«Ça fait partie des infrastructures aérospatiales. Il y a beaucoup d'entreprises dans cette zone. Ça a permis que le terrible échec de Mirabel soit tout au moins compensé en partie par la venue de ces entreprises. Alors, il faudrait qu'ils aient les moyens de pouvoir produire dans cette région, bâtir les avions et les vérifier, les entretenir», a affirmé M. Duceppe.

Selon le chef bloquiste, refuser d'accorder un statut particulier à l'aéroport Mirabel risque d'avoir des conséquences négatives.

«Ça risque d'affecter grandement le développement de l'industrie aérospatiale au Québec. Il ne faudrait pas que l'industrie aérospatiale décline au même niveau que l'industrie automobile en Ontario parce qu'elle est au Québec», a ajouté M. Duceppe.

Le député libéral de Westmount-Ville-Marie, l'ancien astronaute Marc Garneau, a indiqué que le Parti libéral souhaite que ce dossier soit examiné par le comité des transports de la Chambre des communes. Son collègue libéral Joe Volpe entend faire inscrire cette question à l'ordre du jour des travaux du comité.

«Il est de mise de réexaminer la décision prise par Nav Canada. (...) Même s'il y a moins de vols, il y a une présence importante de l'industrie aéronautique. C'est important quand on teste des produits d'avoir des infrastructures adéquates», a dit M. Garneau, qui est le président d'un caucus parlementaire de l'industrie aéronautique créé récemment.

Jusqu'ici Nav Canada a refusé de revenir sur sa décision. Les grands acteurs de l'industrie aéronautique se rabattent donc sur le gouvernement Harper pour corriger la situation.

Mais à Nav Canada, on a fait savoir encore hier que le trafic aérien ne justifie pas une tour de contrôle à Mirabel. «La conclusion d'une étude aéronautique menée pendant un an nous a amenés à remplacer la tour de contrôle par une station d'information de vol en novembre 2008», a indiqué Ron Singer, porte-parole de Nav Canada.

«Une étude aéronautique est un examen approfondi des besoins en matière de service qui a pour but de s'assurer qu'un changement qui serait apporté aux services n'aurait aucune incidence sur la sécurité. La présente étude a été revue et acceptée par Transports Canada, l'organisme de réglementation en matière de sécurité. L'étude aéronautique a confirmé qu'une FSS représente le service approprié. Cette étude a non seulement tenu compte du volume de trafic, mais également du type d'activités aéronautiques qui ont lieu à Mirabel», a-t-il ajouté.