À quelques mois des Jeux olympiques de Vancouver, qui attireront des millions de visiteurs au pays, le commissaire aux langues officielles, Graham Fraser, sonne l'alarme sur le faible rendement des aéroports canadiens en matière de bilinguisme.

Des cinq plus importants aéroports du pays, seul celui de Montréal offre des services adéquats dans les deux langues officielles, constate le commissaire dans son rapport annuel 2008-2009, rendu public hier, et qui marque le 40e anniversaire de la Loi sur les langues officielles.Si les services sont en général offerts en anglais et en français, rares sont les employés qui s'adressent aux voyageurs dans les deux langues officielles - comme l'oblige la Loi -, même pour les simples salutations de base.

«C'est assez lamentable. De toute évidence, la question de l'offre active ne fait pas partie de la culture de service dans les aéroports, sauf à Montréal», a souligné M. Fraser.

Tant Air Canada que l'administration aéroportuaire et l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien (ACSTA) ont échoué aux contrôles du Commissariat aux langues officielles à Vancouver, Toronto, Ottawa et Halifax.

Selon le commissaire, la solution passe par une meilleure formation des employés. D'autres institutions fédérales, dit-il, comme le Centre national des arts ou le Musée des civilisations, ont réussi à inculquer à leur personnel la culture de l'offre active de services bilingues.

«Il faut que ce réflexe de service soit généralisé dans les institutions qui servent le public», a estimé M. Fraser.

À huit mois de l'ouverture des Jeux olympiques d'hiver de 2010, le commissaire s'inquiète toujours de la faible présence du français dans l'organisation. «On voit des écarts entre ce qui est actuellement en place et ce qui est nécessaire, a-t-il dit. Le défi est considérable. Je pense qu'on a sous-estimé l'ampleur de la tâche.» Des problèmes persistent sur le plan des services de traduction et d'interprétation, notamment.

Après 40 ans, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour assurer la dualité linguistique dans les institutions fédérales, a finalement conclu le commissaire aux langues officielles, soulevant l'ire des partis de l'opposition, qui critiquent le manque de leadership du gouvernement conservateur de Stephen Harper.

«Non seulement on n'avance pas, mais on recule, a estimé le critique libéral en matière de langues officielles, Pablo Rodriguez. Il faut que le leadership vienne de la plus haute structure, du premier ministre, de ses ministres, des sous-ministres, pour que ça se reflète sur les fonctionnaires, sinon ça ne peut pas marcher.»

Le député néo-démocrate d'Acadie-Bathurst, Yvon Godin, considère pour sa part que le «gouvernement viole» la loi sur le bilinguisme depuis 40 ans, en ne forçant pas ses institutions à offrir des services dans les deux langues. L'opposition juge par ailleurs «inacceptable» la situation dans les aéroports.

Le ministre des Transports, John Baird, s'est dit «prêt à agir pour être sûr que tous les citoyens du Canada reçoivent de bons services de qualité dans le choix de leur langue officielle» dans les grands aéroports du pays.

Son collègue responsable du Patrimoine canadien, James Moore, a promis que les Jeux olympiques seraient une «grande amélioration» en matière de bilinguisme par rapport à ceux de 1988, qui constituaient déjà un important progrès par rapport aux Jeux de 1976.

«Ce sera un grand succès pour les deux langues officielles et chaque Canadien, dans chaque coin de ce pays, pourra célébrer nos athlètes dans la langue officielle de son choix», a dit le ministre Moore, jugeant que les efforts déjà consentis seront suffisants, ce dont doute le commissaire Fraser, qui a sommé le gouvernement de mettre les bouchées doubles.

BULLETIN DES AÉROPORTS

Note globale

Aéroport international de Vancouver 30,2%

Aéroport international Pearson de Toronto 39,0%

Aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau de Montréal 87,2%

Aéroport international Macdonald-Cartier d'Ottawa 55,6%

Aéroport international Robert L. Stanfield d'Halifax 41,7%

* Critères d'évaluation : l'offre active visuelle, l'offre active par l'employé, la disponibilité du service, chez Air Canada, l'Agence canadienne de la sûreté du transport canadien et l'Administration portuaire.

Source: Rapport annuel du commissaire aux langues officielles