Profondément divisé, le Centre hospitalier universitaire de Montréal vogue vers une nouvelle controverse. Le choix d'un gestionnaire qui a fait toute sa carrière en France, pour diriger le CHUM, cause déjà des frictions à l'interne.

La recommandation du comité au conseil d'administration qui se réunira mercredi prochain sera Christian Paire qui, depuis 2002, est directeur général du Centre hospitalier universitaire de Rouen. À l'aube de la soixantaine, il avait été précédemment directeur du personnel des Hôpitaux de Paris.

 

Le conseil d'administration du CHUM, qui se réunit mercredi prochain, devra marcher sur des oeufs. En effet, le comité de sélection, formé de cinq personnes du conseil d'administration du CHUM et mandaté pour identifier le meilleur candidat pour prendre la succession du Dr Denis Roy, est profondément divisé. En juin dernier, M. Roy avait été forcé de quitter la barre du CHUM, qui compte plus de 10 000 employés.

Deux des membres du comité, dont le président du conseil d'administration, Patrick Molinari, ont plutôt appuyé la candidature du Dr Guy Breton, bien connu des médecins de l'hôpital où il est conseiller spécial depuis septembre dernier. L'autre membre du comité qui appuie le Dr Breton est Maurice Charlebois, aussi membre du conseil d'administration du CHUM et vice-président aux Ressources humaines à Hydro-Québec.

Le Dr Breton, qui lorgnait aussi la succession de Luc Vinet comme recteur de l'Université de Montréal, agit depuis septembre 2008 comme conseiller de la direction de l'hôpital universitaire francophone - un mandat de trois mois à l'origine.

Les trois autres membres du comité de sélection, appuyés semble-t-il par la firme de chasseurs de têtes, pencheraient plutôt pour le candidat français, Christian Paire. Il s'agit de Michel Fontaine, le patron de l'Agence de la santé à Québec, du Dr Edgar Nassif, représentant des médecins de l'établissement, et de Claude Desjardins, président directeur général de l'Agence de la santé, de Laval.

Des sources au CHUM indiquent déjà que les médecins aussi sont divisés sur le choix du futur patron. Certains plaident que le choix de M. Paire «apporte un courant d'air frais, du sang neuf», dans une organisation qui a eu plus que sa part de divisions. Mais certains médecins ont déjà entrepris une cabale contre ce gestionnaire qui ne connaît rien des pratiques au Québec. «Déjà, les couteaux volent bas et la campagne a pris une tournure ethnique» contre le «maudit Français», a confié un médecin bien connu du CHUM.