Le jeune Montréalais condamné à la décapitation en Arabie saoudite a envoyé une lettre à Stephen Harper dans laquelle il affirme avoir été torturé pour l'amener à avouer un crime qu'il nie avoir commis.

Mohamed Kohail dit avoir remis le message au député conservateur de Calgary Deepak Obhrai, quand ce dernier lui a rendu visite dans sa prison de Djedda, en Arabie saoudite, en décembre dernier.

Dans sa lettre d'une page, le jeune homme exhorte le premier ministre Harper à employer tous les moyens possibles pour le tirer de sa triste situation. Il y décrit aussi les divers problèmes de santé qui l'affligent depuis qu'il a été emprisonné, il y a deux ans.

«M. Harper, je suis en prison depuis deux ans. Je suis détenu avec des centaines de criminels notoires en Arabie saoudite pour un crime que je n'ai pas commis. J'ai perdu mes cheveux et deux ans de ma vie, et je vois la mort approcher de plus en plus chaque jour», a-t-il écrit.

Kohail, qui est âgé de 24 ans, et un ami jordanien, Muhanna Ezzat, ont été reconnus coupables du meurtre de Munzer Al-Hiraki lors d'une bagarre survenue après l'école à Djedda, en janvier 2007. L'échauffourée a apparemment été déclenchée quand le frère cadet de Mohamed Kohail, Sultan, a été accusé d'avoir insulté une fille.

Les deux frères ont affirmé à plusieurs reprises qu'ils avaient agi en état de légitime défense et n'avaient pas infligé les blessures fatales durant la bagarre, à laquelle ont été mêlés des dizaines d'adolescents.

Mohamed Kohail a été reconnu coupable de meurtre l'an dernier et condamné à avoir la tête tranchée, tandis que Sultan, qui est âgé de 18 ans, a d'abord été condamné, à titre de complice, à un an de détention et 200 coups de fouet. La famille de la victime a interjeté appel, ce qui signifie que Sultan devra probablement subir un nouveau procès.

Les deux frères et leur ami clament leur innocence et soutiennent que le système judiciaire saoudien ne leur a pas assuré un procès équitable.

Le Conseil judiciaire suprême d'Arabie saoudite étudie présentement la décision d'une instance inférieure qui maintenait la condamnation à mort de Mohamed Kohail.

En entrevue, mardi, M. Obhrai a déclaré avoir rencontré Mohamed Kohail et sa famille sans la présence de représentants saoudiens. Et à cette occasion, le jeune homme ne lui a pas parlé de torture, a-t-il dit. Le député s'est refusé à commenter le contenu de la lettre, invoquant des raisons de confidentialité.

M. Obhrai a refusé de dire si le premier ministre Harper a vu la lettre. Selon le député, qui est secrétaire parlementaire du ministre des Affaires étrangères Lawrence Cannon, Ottawa a l'intention de solliciter la clémence pour les deux frères.