L'Agence métropolitaine de transport (AMT) songe à implanter un «système de paiement avec tourniquets à chacune des stations» de son réseau de trains de banlieue, en lieu et place du mode actuel de «paiement sur l'honneur», où les usagers doivent montrer leurs titres seulement en cas de contrôle.

Lors de l'étude des crédits de l'AMT par la Commission des transports et de l'environnement, mercredi, à l'Assemblée nationale, le président de l'AMT, Joël Gauthier, a affirmé que le système actuel, qui permet un libre accès aux quais d'embarquement des trains, «est discuté, au niveau de la perception publique», par des citoyens qui se demandent «s'il y a beaucoup de fraude dans le système».

 

«Les données qu'on a nous disent que le taux de fraude oscille entre 1 et 2% par année, a déclaré M. Gauthier devant la commission parlementaire. Sur des ventes de 45 millions de dollars par année, on parle donc d'environ 1,5% de pertes», soit un montant approximatif de 675 000$ par année.

M. Gauthier a aussi noté que dans un rapport récent sur le réseau de trains de banlieue ontarien, Go Transit, le vérificateur général de l'Ontario «est arrivé avec des données quasi similaires».

«Sauf que dans la perception publique, a déclaré M. Gauthier, l'usager qui achète sa carte, qui paie 109$ ou 132$ par mois, se dit: ''Est-ce que vous êtes efficace? Comment vous vous assurez que moi, qui ai payé, j'ai bel et bien payé, mais pourriez-vous aussi contrôler mon voisin? '' En ce sens-là, nous sommes en train de développer une nouvelle façon de faire, pour s'assurer que la perception d'équité envers tous est présente».

M. Gauthier répondait alors aux questions du député de Chomedey, Guy Ouellette, qui rapportait que des usagers lui parlent chaque semaine, à Laval, de l'absence de contrôle pour valider les titres de transport, à l'embarquement des trains de banlieue de l'AMT.

«Sur les lignes de Saint-Jérôme-Blainville et de Deux-Montagnes, affirme-t-il, je sais qu'il y a des gens qui se promènent avec leur carte, et qui ont donc hâte que quelqu'un vienne vérifier s'ils sont bien en possession de la bonne carte pour aller d'un point A à un point B».

Le «paiement sur l'honneur», en vigueur sur les trains de l'AMT et ceux de Go Transit, à Toronto, tout comme sur la plupart des grands réseaux de trains ou de tramways d'Europe, repose pour l'essentiel sur la bonne foi des passagers qui utilisent le train de banlieue. L'accès aux quais est libre. Les passagers ne doivent montrer leur titre de transport que lors de contrôles, effectués ponctuellement par des inspecteurs, sans préavis. Le rythme des contrôles est programmé pour faire en sorte que sur une période d'un mois, chaque passager aura été «contrôlé» au moins une fois, en moyenne.

M. Gauthier n'a présenté aucune estimation des coûts de ces tourniquets à toutes les gares. Ils pourraient être considérables. L'AMT compte 52 gares sur ses cinq lignes de trains actuelles. Une majorité de ces «gares» ne sont, en fait, que des quais ouverts aménagés près des voies ferrées, avec un stationnement d'incitation à proximité, sans bâtiments.

Hier, l'AMT a atténué de beaucoup l'ampleur prévue des changements au système de perception des trains de banlieue, tel que présentés mercredi par M. Gauthier.

Selon une porte-parole, Martine Rouette, «le projet est inscrit à notre plan d'immobilisations de 2009-2011. Son objectif n'est pas de remplacer le paiement sur l'honneur, mais de mieux connaître les besoins en transport de ses usagers.»

Avec la fin de l'implantation de nouveaux lecteurs optiques dans la foulée de l'introduction de la carte OPUS, l'AMT souhaiterait, «dans un premier temps», que les usagers des trains de banlieue fassent eux-mêmes «lire» leurs titres de transport lors de l'embarquement.

Ces données de déplacement permettraient à l'AMT de «mieux connaître les besoins des usagers, pour étudier, notamment, la pertinence d'établir des tarifications inter-zonales sur le réseau», a précisé Mme Rouette.

En sus de ce projet, le plan d'immobilisations de l'AMT ne prévoit qu'une première étude, à un coût de 200 000$, «qui consiste à établir les besoins et les équipements» pour l'implantation de systèmes de perception dans les gares.